Impossible de revisiter la mythologie nordique sans évoquer Freyja. Présentée souvent comme l’équivalent d’Aphrodite, elle est vénérée pour son association avec l’amour, la fertilité, la beauté et la magie. En plus de ces attributs, Freyja est également une déesse guerrière. Elle parcourt les champs de bataille et reçoit la moitié des guerriers morts au combat dans sa demeure, Fólkvangr, tandis qu’Odin accueille l’autre moitié dans le Valhalla. Ce partage des guerriers, appelés Einherjar, reflète une distinction entre ceux qui se battent pour l’amour de la guerre et ceux qui protègent leurs proches et leurs biens. Découvrons ensemble ses attributs uniques, sa descendance et les légendes auxquelles elle a participé.
I. Qui est Freyja ?
Dans les salles majestueuses d’Asgard, la demeure des dieux, réside Freyja, une des divinités les plus vénérées de la mythologie nordique. Fille de Njörd, le dieu de la mer, et de Nerthus, déesse de la fertilité, elle est étroitement liée à la famille des dieux Vanes, dont son frère jumeau, Freyr (dieu de la fertilité et de la lumière), est le chef.
Lorsque l’on évoque son nom, on ne peut ignorer sa beauté envoûtante, capable de faire chavirer les cœurs les plus endurcis. Son charme irrésistible et sa séduction captivent les dieux et les mortels de la même manière. Mais cette déesse est bien plus qu’un visage angélique. Son animal totem, le chat, incarne la ruse et la sensualité. Sa représentation la plus célèbre est celle d’une femme d’une beauté lumineuse, parfois avec une chevelure dorée ou rousse, et vêtue d’un manteau de plumes de faucon qui lui permet de voler.
II. Ses attributs
Manteau de plumes
Freyja possède un manteau fait de plumes de faucon, appelé Valshamr, qui permet à celui qui le porte de se transformer en oiseau et de voyager entre les mondes. Tout comme le collier des Brísingar (que l’on vous présente juste après), ce manteau magique est parfois attribué à Frigg.
Collier des Brísingar
Le collier des Brísingar est un bijou légendaire en or et ambre, mentionné dans les sagas et le poème Beowulf. Certaines versions du mythe l’associent à Frigg plutôt qu’à Freyja. Lorsque Freyja le portait, personne ne pouvait résister à son charme, et le collier avait également la capacité de favoriser l’armée que la déesse soutenait sur le champ de bataille. Pour l’obtenir, elle dut épouser les quatre nains qui l’avaient créé (ce mariage était visiblement symbolique puisqu’elle reste l’épouse de Óðr). Ce collier fait le lien avec la ceinture d’Aphrodite qui lui conférait les mêmes dons.
Char tiré par des chats
Le char de Freyja est tiré par deux chats bleus, parfois nommés Thófnir et Högni, ou Brundr et Kælinn, ou encore Bygul et Trjegul, selon les sources. Souvent, leurs noms ne sont pas mentionnés. Ces chats, de grande taille, sont parfois décrits comme des chats des forêts norvégiennes ou des lynx. Tout comme les loups sont sacrés pour Odin, les chats sont des animaux sacrés pour Freyja. Son char lui permettait de voyager à travers les mondes de la mythologie nordique. En plus de son char tiré par des chats, Freyja possédait un sanglier nommé Hildisvini, qu’elle montait en tant qu’animal de combat. On raconte aussi que son amant humain, Ottar, se déguisait parfois, ce qui alimentait les accusations de Loki sur son immoralité, notamment lorsqu’elle montait son amant en public.
Le royaume de Freyja, Fólkvangr, signifie « Champ du Peuple » ou « Champ des Guerriers ». Cette vaste plaine est un lieu mythique où elle accueille les âmes des guerriers tombés au combat. Elle partage ce privilège unique avec Odin, mais avec une particularité : elle sélectionne en premier les guerriers qui rejoindront son domaine, soulignant son lien spécial avec les âmes valeureuses. Au cœur de Fólkvangr se trouve son palais Sessrúmnir, un hall immense et somptueux où les héros reposent sous sa protection. Ce royaume symbolise l’équilibre de Freyja entre amour et guerre, car elle offre une seconde vie honorable aux guerriers tout en incarnant les valeurs de la fertilité et de l’amour dans un lieu sacré. Fólkvangr est une illustration de son rôle de guide des âmes et de sa compassion envers ceux qui ont montré courage et bravoure dans la vie.
III. Les légendes qui l’entourent
Freyja est au cœur de plusieurs mythes nordiques marquants. Dans le Chant de Thrym, elle refuse d’être offerte en mariage au géant Thrym, qui a volé le marteau de Thor. Plutôt que de se soumettre, elle contribue au stratagème où Thor se déguise en elle pour récupérer l’arme sacrée.
Les récits racontent qu’elle accordait ses faveurs aussi bien aux dieux qu’aux hommes et aux héros. Parmi les autres légendes qui la concerne, on retrouve en premier lieu le collier des Brísingar, qui la rend irrésistible même aux yeux des Géants. Un jour, elle fut captivée par la beauté de ce collier, qui était fabriqué par quatre nains nommés Alfrigg, Dvalinn, Berling, et Grer. Elle désirait ardemment le collier et était prête à tout pour l’obtenir. Les nains acceptèrent de le lui donner, mais à une condition : elle devait passer une nuit avec chacun d’entre eux. Freyja accepta le marché et passa une nuit avec chaque nain. Le mythe du vol de son collier est également célèbre : lorsque Loki le dérobe sous les ordres d’Odin, Freyja envoie le dieu Heimdall pour le récupérer, ce qui conduit à un combat mémorable.
Un autre récit illustre son rôle de völva et d’initiatrice du Seidr, une forme de magie chamanique. Freyja en est la première enseignante et le transmet aux Ases, notamment à Odin, qui le maîtrise par la suite. Cette magie, liée au destin et à la prophétie, fait de Freyja une figure de sagesse mystique, capable de façonner le destin des hommes et des dieux.
En plus de son rôle de déesse de l’amour et de la guerre, on la considère parfois comme la reine des Valkyries. Ces femmes divines étaient ses servantes, choisissant les guerriers les plus courageux et honorables sur les champs de bataille pour les emmener dans le Valhalla, le paradis des guerriers. Freyja accueillait la moitié des guerriers tombés au combat dans son manoir Sessrumne à Folkvang, l’autre moitié étant destinée à Odin.
Lors des absences de son mari, Odr, elle pleurait des larmes d’or qui se transformaient en ambre en touchant la mer.
IV. L’amalgame entre Frigg et Freyja
Freyja et Frigg, bien que distinctes dans la littérature en vieux norrois, partagent de nombreuses similitudes profondes, ce qui suggère qu’elles pourraient être des aspects d’une même déesse germanique originelle.
Freyja est souvent associée à Óðr, un nom qui partage la même étymologie qu’Óðinn (Odin), ce qui renforce le lien entre les deux divinités. Les récits montrent également des accusations d’infidélité pour les deux déesses et leurs maris respectifs, ce qui est commun dans les mythes.
Frigg, tout comme Freyja, est associée à la magie (seidr) et possède un manteau de plumes permettant de se transformer. Leurs noms révèlent aussi des liens : « Freyja » est un titre signifiant « Dame », tandis que « Frigg » est lié à l’amour, domaine associé à Freyja. Ainsi, les distinctions entre elles semblent superficielles et liées à une évolution tardive dans les sources nordiques, laissant supposer qu’elles pourraient représenter une seule déesse aux multiples aspects.
V. Ses amours et sa descendance
Selon certaines sources, Freyja aurait été mariée à Óðr (ou Od), mais il y a peu d’informations sur leur relation. Leur union n’est pas souvent évoquée dans les mythes. Selon la saga Ynglinga, elle serait la mère de deux filles nommés Hnoss et Gersemi. Les détails sur leur rôle ou leur importance ne sont pas clairement précisés, mais il est suggéré que Hnoss et Gersemi sont des figures liées à la beauté. Leurs noms sont utilisées pour qualifier les plus belles choses ou les plus beaux joyaux.
Bien qu’elle soit d’origine Vanir, elle fut envoyée, avec deux autres dieux, comme symbole de paix aux Ases après la fin de la guerre entre les deux clans. En retour, les Ases envoyèrent également deux de leurs dieux aux Vanes, et Freyja devint un membre respecté des Ases.
Bien que Freyja soit spécifique à la mythologie nordique, certains parallèles peuvent être établis avec des déesses de l’amour d’autres mythologies, telles qu’Aphrodite dans la mythologie grecque ou Vénus dans la mythologie romaine. Parfois associée à la magie et à la sorcellerie dans la mythologie nordique, elle possèderait des pouvoirs de divination, de transformation et d’enchantement. Son charme envoûtant lui confère une place d’honneur parmi les dieux nordiques et les mortels. Elle inspira des œuvres artistiques, littéraires et musicales.