Représentation d'Assur, divinité de la mythologie mésopotamienne - AI generated

La mythologie mésopotamienne regorge de nombreux dieux et déesses qui étaient vénérés par les habitants de la région. Parmi ces divinités, Assur était l’un des plus connus. Dieu tutélaire de la ville éponyme, il fut considéré plus tard comme le dieu national de l’Assyrie. Explorons la vie de Assur, ses guerres et querelles, ses amours et sa descendance, ainsi que les faits marquants de son existence.

Représentation d'Assur, divinité de la mythologie mésopotamienne - AI generated

I. L’origine d’Assur

Il est très difficile dans les textes de déterminer l’origine de ce dieu. Assur, le dieu tutélaire de la cité d’Assur, est étroitement lié à la ville qu’il protège, d’où la confusion entre son nom et celui de la cité. Il ne possède pas de domaine particulier dans la panthéon mésopotamien et n’a pas de relations généalogiques avec d’autres grandes divinités. Sa parèdre (divinité associée) varie en fonction du contexte, parmi lesquelles Ninlil/Mullissu, Sheru’a (parfois considérée comme sa fille), ou Ishtar, tandis qu’Aššuritu(m) est une autre manière de nommer Ishtar ou l’une des parèdres potentielles d’Assur dans son temple à Assur.

II. Du dieu local au dieu « suprême »

Au fil de l’essor de l’Assyrie en tant que puissance majeure, la théologie de cette divinité l’a progressivement élevé au rang de dieu suprême. Cette transformation a débuté sous le règne de Samsi-Addu, où il a été assimilé à Enlil, le dieu de la royauté, et son temple à Assur a été conçu pour devenir une réplique de celui d’Enlil à Nippur.

Pendant la période médio-assyrienne, Assur est devenue la capitale d’un État territorial dominant le nord de la Mésopotamie, et cette divinité est devenue l’incarnation du royaume tout entier, avec tout le territoire désigné comme le « pays d’Assur ». Son assimilation à Enlil a été renforcée, le présentant comme l’époux de la déesse Ninlil et le père de Ninurta et Zababa.

Plus tard, il a également adopté les attributs du dieu Marduk, en partie sous l’influence de la culture babylonienne. Cette rivalité a parfois conduit à des conflits armés, avec des statues de Marduk déportées à Assur après la prise de Babylone. Toutefois, certains souverains assyriens ont préféré honorer Marduk pour consolider leur légitimité locale.

Finalement, sous Sargon II, son nom a été écrit d’une manière rappelant une divinité sumérienne ancienne, Anshar, renforçant son statut de divinité supérieure.

III. Son culte

L’origine et la montée en importance de cette divinité en tant que divinité principale d’Assur restent obscures, avec peu de preuves archéologiques avant la fin du IIIe millénaire av. J.-C. Entre le XXe et le XIXe siècle av. J.-C., Assur était une cité commerciale dynamique, et ce dieu jouait un rôle clé en tant que divinité tutélaire de la ville et de sa communauté, même lorsque celle-ci résidait à l’étranger.

Les habitants de la ville portaient souvent des noms théophores incluant le nom du dieu Assur, et des lettres provenant de marchands en déplacement loin de la cité exprimaient le besoin d’honorer le dieu. Le temple d’Assur recevait des offrandes des marchands en signe de gratitude pour son soutien dans leurs entreprises commerciales, et il investissait également dans le commerce. Les prêtres du dieu finançaient des expéditions commerciales, et les hommes de la ville prêtaient serment par les armes du dieu. Certaines familles consacraient leurs filles au dieu, bien que leur rôle précis dans la religion reste flou.

Malgré l’essor territorial de l’Assyrie et l’importance croissante de ce dieu, sa divinité restait étroitement liée à la ville éponyme, où se déroulaient des rituels cruciaux pour le royaume. Ainsi, même si la cité perdait son statut de capitale politique, elle conservait un rôle religieux et cultuel majeur dans l’empire, étant considérée comme une sorte de « Vatican assyrien »

IV. Ses représentations

Il est rarement représenté dans l’art, principalement sur des sceaux-cylindres de l’époque médio- et néo-assyrienne, où il est généralement montré sous une forme anthropomorphique, coiffé de la tiare à cornes, tenant un anneau, un bâton symbolisant la royauté, et parfois une hache. D’autres représentations de lui incluent un bas-relief montrant une divinité nourrissant des caprins.

Assur peut également être symbolisé par un autel surmonté d’un taureau à l’époque paléo-assyrienne, et par une tiare à cornes, similaire à Enlil, à des périodes ultérieures. Sur des reliefs néo-assyriens, il est représenté sur un dragon-serpent mušhuššu, lié à Marduk.

Certaines inscriptions évoquent des objets sacrés comme une épée ou une arme représentant le dieu Assur, utilisés lors de serments et d’ordalies pour trancher des litiges. Des emblèmes divins sont installés dans des cités conquises pour marquer les territoires dominés par ce dieu, mais il n’y a pas d’indication qu’ils reçoivent un culte spécifique.

Entre divinité et représentation du pouvoir d’une métropole en pleine croissance, les mythes et légendes se perdent en conjonctures lorsqu’il s’agit de déterminer la généalogie ou les faits d’armes du dieu Assur. Les textes sont par contre plus loquaces lorsqu’il s’agit de retranscrire les rituels de couronnement royal d’Assur.