Représentation d'Otos, personnage de la mythologie grecque - AI generated
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Représentation d'Otos, personnage de la mythologie grecque - AI generated

Dans le vaste panthéon des dieux et des héros de la mythologie grecque, les origines d’Otos sont aussi anciennes que mystérieuses… car au moins deux personnages répondent à ce nom. Selon les récits antiques, Otos est né de l’union divine entre Poséidon, le dieu des Mers et Océans, et une mortelle. Son ascendance divine lui conféra dès sa naissance une aura de puissance et de grandeur, lui ouvrant ainsi les portes des légendes qui allaient marquer son existence. Découvrez les exploits de ce personnage improbable.

I. Les Origines d’Otos

Le nom Otos recouvre deux figures mythologiques distinctes dans le panthéon grec, toutes deux liées à la puissance brutale des forces primitives, mais différant par leur ascendance et leur rôle dans les récits mythiques.

Le premier Otos, fils de Gaïa, appartient à la génération des Géants originels, créés par la Terre-Mère en réponse à la violence des dieux de l’Olympe. Il est mentionné comme un des nombreux géants tombés lors de la Gigantomachie, la grande guerre opposant les enfants de Gaïa aux Olympiens. Peu de choses subsistent sur lui dans les textes, mais son appartenance à cette lignée de créatures titanesques le lie aux forces chaotiques de la nature, surgies des profondeurs chtoniennes. Comme ses frères, ce premier Otos fut élevé par Gaïa dans le but de renverser l’ordre céleste instauré par Zeus, mais il fut tué au cours du conflit.

Le second Otos, plus célèbre, est l’un des Aloades, fils du dieu Poséidon et de la mortelle Iphimédie, bien qu’il tire son nom de son père nourricier, Aloée. Avec son frère jumeau Éphialtès, il forme un duo à la fois redoutable et tragique. Dès leur naissance, leur croissance est anormale : chaque année, ils grandissent d’une coudée en hauteur et d’une brasse en largeur, atteignant à seulement neuf ans une taille surhumaine — neuf brasses de haut (près de 17 mètres) et quatre coudées de large. Leur apparence contraste avec celle des Géants enfants de Gaïa : non difformes, mais beaux, jeunes, audacieux et arrogants. Leur mythe illustre une variante de l’hybris propre à de nombreuses figures héroïques ou semi-divines : une volonté de s’élever au-dessus des dieux eux-mêmes, reflet d’une ambition aussi grandiose que condamnée.

Ainsi, Otos fils de Gaïa représente la force chaotique archaïque, tandis que Otos l’Aloade incarne la transgression adolescente, l’orgueil juvénile et la beauté arrogante de ceux qui, nés d’un dieu, refusent pourtant de se soumettre à l’ordre olympien. Dans les deux cas, Otos symbolise l’excès …

II. Les Exploits et les Querelles

Otos et Éphialtès se distinguent parmi les rares mortels ou demi-dieux à avoir osé défier l’Olympe. Leur première infamie fut l’emprisonnement d’Arès dans une jarre de bronze pendant treize mois, acte si audacieux que même les dieux hésitèrent à le délivrer de force. Il fallut l’astuce d’Hermès et l’intervention d’Éribée, leur belle-mère, pour libérer le dieu de la guerre.

Ce n’était là qu’un prélude à leur ambition démesurée : à neuf ans, ils entreprirent de monter à l’assaut du ciel, empilant les montagnes Ossa et Pélion pour atteindre l’Olympe. Zeus, prêt à les foudroyer, fut dissuadé par Poséidon qui intercéda en faveur de ses fils. Loin de s’amender, les Aloades ourdirent ensuite un plan pour enlever Héra et Artémis, jurant par le Styx d’y parvenir. Artémis les berna avec ruse en se transformant en biche blanche, les conduisant à l’île de Naxos où, dans leur précipitation, ils se tuèrent mutuellement, chacun lançant un javelot qui atteignit son frère.

D’autres versions indiquent qu’ils se querellèrent et s’entre-tuèrent de jalousie. Leurs âmes condamnées subirent un châtiment éternel au Tartare : liés à une colonne par des serpents, ils sont tourmentés par le hululement ininterrompu d’une chouette, symbole de leur folie et de leur trahison.

III. Ses Amours et sa descendance

Aucune descendance directe ni union durable n’est attribuée à Otos dans les sources mythologiques. Ses aspirations amoureuses sont exclusivement tournées vers les déesses de l’Olympe, et toujours empreintes de désir interdit et d’hybris. Il convoitait d’abord Héra, épouse de Zeus, mais son frère Éphialtès lui suggéra plutôt Artémis, vierge farouche et déesse de la chasse. Ce choix mena à leur perte. Leur entreprise pour s’emparer de ces divinités célestes ne fut motivée ni par l’amour sincère ni par le désir d’union, mais par une volonté de domination symbolique, comme pour prouver leur supériorité sur les dieux eux-mêmes.

La promesse qu’ils avaient scellée par le Styx, serment sacré, scella leur destin : trahir un tel serment dans la mythologie grecque équivalait à un crime cosmique, justifiant leur condamnation éternelle. Ainsi, leur lignée s’éteint avec eux, effacée par leur propre folie.

IV. Son culte

Malgré leur réputation sulfureuse, Otos et son frère furent associés à des formes primitives de vénération. Selon Pausanias, les Aloades furent les premiers adorateurs des Muses, mais uniquement des trois muses archaïques : Mélété (la pratique), Mnémé (la mémoire) et Aoedé (le chant). Ce lien les inscrit dans une tradition plus ancienne, antérieure à l’institution des neuf Muses classiques.

Diodore de Sicile leur attribue également la fondation de la ville d’Ascra, patrie d’Hésiode, ce qui leur confère une place ambiguë dans l’héritage culturel grec, à la fois destructeurs et bâtisseurs. Ils apparaissent aussi dans quelques représentations artistiques, mais rarement seuls : dans les scènes mythologiques, ils sont souvent intégrés à des épisodes collectifs comme la Gigantomachie ou les légendes autour d’Artémis.

Dans la littérature contemporaine, leur figure a souvent été réinterprétée comme celle de rebelles maudits ou de titans incompris. Leur tentative des deux frères d’empiler les montagnes pour atteindre les dieux a nourri l’imaginaire de nombreux auteurs, notamment dans les domaines de la fantasy et de la science-fiction, où le motif de l’ascension vers le ciel ou la conquête divine résonne encore. Leur nom, notamment celui d’Éphialtès, fut repris dans l’Antiquité pour désigner les cauchemars nocturnes.