Représentation d'Éphialtès, divinité de la mythologie grecque - AI generated

Deux divinités répondent au nom d’Éphialtès. Découvrons les origines de chacun et intéressons-nous aux mythes associés au frère d’Otos, qui forme avec lui le duo des Aloades.

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I. L’origine d’Éphialtès

Éphialtès est une figure secondaire de la mythologie grecque, représentée sous deux incarnations principales. La première version le dépeint comme le fils de Poséidon et d’Iphimédie, frère jumeau d’Otos, formant avec lui le duo des Aloades. Ces géants, d’une taille colossale dès leur plus jeune âge, sont réputés pour leur force immense et leur ambition démesurée. Leur mère, Iphimédie, était une mortelle qui, amoureuse de Poséidon, parvint à attirer l’attention du dieu en versant de l’eau de mer sur sa poitrine, conduisant à la naissance des deux géants.

La seconde version d’Éphialtès est celle d’un géant né de Gaïa, la Terre, qui participa à la Gigantomachie, la grande guerre entre les Géants et les dieux de l’Olympe.

II. Son rôle dans la mythologie grecque

Éphialtès, dans sa version comme fils de Poséidon, se démarque malheureusement par son audace et son arrogance. Avec son frère Otos, il tente de prouver sa supériorité sur les dieux en menaçant l’Olympe lui-même. Les Aloades sont célèbres pour avoir capturé Arès, le dieu de la guerre, et l’avoir emprisonné dans une jarre de bronze pendant treize mois, avant que le dieu ne soit libéré par Hermès. Leur ambition les pousse à vouloir escalader le ciel en empilant les montagnes pour atteindre l’Olympe. Mais cette tentative échoue grâce à l’intervention de Zeus, qui, malgré leur audace, choisit de leur épargner la vie à la demande de Poséidon.

Dans la version où Éphialtès est un fils de Gaïa, il participe à la révolte des Géants contre les Olympiens durant la Gigantomachie, où il finit par être tué par Apollon et Héraclès.

III. Les mythes associés à Éphialtès, frère d’Otos

L’emprisonnement d’Arès

L’un des récits les plus célèbres concernant Éphialtès et son frère Otos est leur capture du dieu de la guerre, Arès. Motivés par un désir de prouver leur supériorité sur les dieux de l’Olympe, les deux frères parviennent à enchaîner Arès et à l’enfermer dans une jarre de bronze. Arès, le puissant dieu de la guerre, reste ainsi captif pendant treize mois, un acte qui témoigne de la force et de l’audace des deux géants. Ce n’est qu’avec l’intervention du dieu Hermès, connu pour sa ruse et son habileté, qu’Arès est finalement libéré (plus mort que vivant).

La tentative de kidnapping d’Artémis et Héra

Otos avait pour ambition de kidnapper Héra, tandis qu’Éphialtès était obsédé par Artémis. Les deux frères, liés par un amour profond l’un pour l’autre, décidèrent de prêter serment sur le Styx pour mener à bien leurs projets. Pour savoir lequel d’entre eux atteindrait sa déesse en premier, ils se remirent au sort, et ce fut Éphialtès qui eut l’avantage.

Sans tarder, ils partirent à la recherche d’Artémis, explorant collines et forêts. Lorsqu’ils la virent enfin, elle se trouvait sur le rivage, se dirigeant vers la mer. Ils se précipitèrent à sa poursuite, mais la déesse, utilisant son pouvoir, traversa les flots. En tant que fils de Poséidon, les jumeaux possédaient la capacité de marcher sur l’eau, et ils la suivirent donc sans difficulté. Artémis les guida jusqu’à l’île de Naxos, et alors qu’ils s’apprêtaient à l’atteindre, elle disparut soudainement.

À sa place, ils aperçurent une biche d’une blancheur éclatante, s’enfuyant dans la forêt dense. Oubliant Artémis, les deux frères se lancèrent à sa poursuite. Dans la forêt, ils perdirent rapidement sa trace à cause de l’épaisseur du bois. Pour maximiser leurs chances de la retrouver, ils se séparèrent. Peu après, ils la repérèrent tous deux, immobile dans une clairière, les oreilles dressées. Mais chacun ignorait que son frère se trouvait en face, de l’autre côté de la clairière. Sans hésiter, ils lancèrent leurs javelots simultanément, mais la biche s’évanouit dans l’air, laissant les projectiles voler dans le vide avant de trouver leur cible : l’un l’autre.

Les deux frères tombèrent, chacun transpercé par l’arme de l’autre, devenant ainsi à la fois assassins et victimes, leur amour fraternel les conduisant à une fin tragique. Artémis avait orchestré cette ruse pour se venger de leur audace.

Le supplice éternel

Toutefois, leur châtiment ne s’arrêta pas là. Dans les Enfers, ils furent attachés à une colonne, entourés de serpents, tandis qu’une chouette perchée au-dessus d’eux poussait des cris incessants.

Dans une autre version du mythe, c’est leur serment de capturer Héra et Artémis qui les condamna à un supplice éternel. Attachés à une colonne dans une plaine désolée, où le soleil ne brillait jamais, ils enduraient le vent, le froid et les ténèbres, sous les cris lugubres d’une chouette, en guise de punition pour ne pas avoir respecté leur serment sur le Styx.

Pausanias rapporte que malgré leur mauvaise réputation, les Aloades furent les premiers à vénérer les Muses, mais ils n’honoraient que les trois Muses originelles : Mélété, Mnémé, et Aoedé. Diodore leur attribue également la fondation de la ville d’Ascra. D’après ce dernier, les deux frères se tuèrent mutuellement après avoir vaincu les Thraces et conquis la ville de Strongyle, qu’ils renommèrent Dia.

La fin d’Éphialtès est tragique et punitive dans les deux versions de son mythe. Comme fils de Poséidon, il périt par la ruse d’Artémis, qui le conduit à tuer son propre frère, scellant ainsi son destin. Cette mort, tout en étant une conséquence directe de son orgueil, marque aussi la fin des aspirations des Aloades à défier les dieux. Dans l’autre version, il est transpercé simultanément par les flèches d’Apollon et les armes d’Héraclès, ce qui symbolise la puissance invincible des Olympiens face à la rébellion des Géants. Après leur mort, Éphialtès et Otos sont condamnés à un supplice éternel dans les Enfers, attachés à une colonne avec des serpents et tourmentés par le hululement incessant d’une chouette, une punition symbolisant leur échec à renverser l’ordre divin. Ainsi, Éphialtès incarne dans la mythologie grecque l’hubris, ou l’excès d’orgueil, qui conduit inévitablement à la chute et à la punition divine.