
Dans le riche panthéon de la mythologie grecque, Mètis brille comme une étoile de sagesse et de prudence. Femme savante, parfois qualifiée de sorcière, elle est surtout une femme de pouvoir pendant cette époque pré-héllénistique où le matriarcat dominait. Mètis était la conseillère des dieux, celle à qui l’on se tournait pour obtenir des conseils avisés dans les moments les plus critiques. Explorez avec nous les origines de cette déesse.
I. Qui était Mètis?
Métis (Μῆτις), dont le nom signifie « conseil avisé », « prudence » ou « ruse », est une Océanide, fille des divinités primordiales Océan et Téthys. Elle appartient à la génération des Titans, ces puissances anciennes qui précèdent les dieux de l’Olympe. À la différence de nombreuses divinités marines, Métis incarne un principe abstrait essentiel : l’intelligence rusée, l’habileté intuitive et la sagesse calculée. Dès les premiers chants de la mythologie grecque, notamment dans la Théogonie d’Hésiode, elle est décrite comme « celle qui sait plus que tout dieu ou tout mortel », une figure respectée même des plus puissants.
Elle était connue pour sa capacité à prédire l’avenir et à conseiller les dieux sur les meilleures actions à entreprendre.
Alors que Zeus cherchait un moyen de libéré ses frères et soeurs ingurgités par leur père Cronos, elle lui conseilla d’utiliser un puissant vomitif pour forcer Cronos à relâcher la fratrie. Une fois cette étape passée, Zeus et ses frères se rebellèrent contre leur géniteur et le renversèrent. Conscient du potentiel de cette « sorcière », Zeus la désira et réussit à la capturer malgré ses métamorphoses constantes. Mètis tomba enceinte.
II. La prédiction de trop
La figure de Mètis est au cœur d’un mythe fondateur du panthéon grec : celui de la naissance d’Athéna et de la consolidation du pouvoir de Zeus. Après avoir mis fin au règne des Titans, Zeus cherche à affermir sa domination. Pour cela, il s’unit à Mètis, séduite après maintes métamorphoses où elle tentait d’échapper à ses avances en se transformant tour à tour en divers éléments.
Mais l’union cache une menace : un oracle prédit que Métis enfanterait une fille égale en sagesse, puis un fils capable de détrôner Zeus. Préférant prévenir tout risque, Zeus use d’un dernier stratagème : il persuade Mètis de se transformer en une goutte d’eau et l’avale. Ce geste, loin de l’anéantir, intègre la sagesse de Métis dans le dieu lui-même, garantissant à Zeus une vigilance absolue sur son règne.
Plus tard, souffrant d’atroces maux de tête près du lac Triton, Zeus fut aidé par Hermès qui persuada Héphaïstos (ou Prométhée selon certaines versions) de fendre son crâne, permettant ainsi à Athéna, de jaillir de sa tête, dans un cri de guerre et armée de la tête aux pieds.
Athéna hérita de la sagesse de sa mère. Mètis est parfois représentée dans l’art, cachée sous le siège de Zeus.
III. Symbole de la naissance d’Athéna
Beaucoup d’historiens voient une symbolique derrière ce mythe. A l’époque, le patriarcat cherchait à s’imposait. En forçant Zeus à avaler la savante Mètis, il s’appropriait ses pouvoirs et son autorité auprès de ses croyants (Mètis est devenue en quelque sorte une partie de Zeus, et elle a continué à exercer son influence de l’intérieur). La naissance d’Athéna, sensée calmer les revendications « matriarcales », continua au contraire d’imposer le patriarcat car cette dernière se rangea aux côtés de son père.
IV. Amours et Descendance
Mètis n’eut qu’un seul compagnon : Zeus, dont elle fut la première épouse et alliée dans la lutte contre Cronos. De leur brève union naît Athéna, qui hérite pleinement des qualités de sa mère : la sagesse, l’intelligence tactique, et une propension à la justice mesurée. En disparaissant dans le corps de Zeus, Mètis transmet son essence intellectuelle sans jamais enfanter d’autres descendants. Contrairement à d’autres figures féminines du panthéon, dont la descendance se propage en lignées complexes, la déesse de la sagesse n’aura qu’un descendant. À travers Athéna, Métis survit, mais aussi à travers Zeus, chez qui elle continue de murmurer conseils et avertissements depuis ses entrailles.
Elle ne revint plus dans les légendes par la suite puisqu’elle avait transmis toute sa sagesse à Zeus et sa fille. Zeus choisit pour seconde épouse légitime sa soeur Héra… mais la pauvre dut subir des années voire des siècles d’humiliation avec les incartades de son époux (femmes, hommes, membres de sa famille… mais ceci est une autre liste de mythes à découvrir pour le personnage de Zeus).
Métis, malgré son rôle fondamental dans la mythologie, ne fit jamais l’objet d’un culte autonome dans la Grèce antique, à la différence des grands Olympiens. Sa présence reste pourtant visible dans l’iconographie, où elle est parfois figurée comme un petit personnage caché sous le trône de Zeus.