Le mythe de la création du monde selon Héliopolis - mythologie égyptienne - AI generated
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Le mythe de la création du monde selon Héliopolis - mythologie égyptienne - AI generated

Au commencement était le Noun, une mer infinie et silencieuse, sans ciel ni terre, sans lumière ni ténèbres. Dans cet abîme originel, un acte divin fit surgir l’ordre à partir du chaos. Bien plus qu’un simple récit cosmogonique, le mythe d’Héliopolis articule la naissance du monde, des dieux, et de l’humanité autour de figures emblématiques telles qu’Atoum, Shou, Geb ou Isis. Chaque génération divine y joue un rôle clé, jusqu’à aboutir à un cosmos structuré et à l’apparition du premier pharaon.

I. Les origines du mythe d’Héliopolis

La cosmogonie d’Héliopolis, la plus ancienne et influente d’Égypte, trouve sa source dans la ville sacrée d’Onou, rebaptisée Héliopolis par les Grecs. Ce mythe naît dans un contexte religieux où chaque grande cité égyptienne possède sa propre version de la création du monde. Dans celle d’Héliopolis, le monde émerge d’un océan primordial sans fin, le Noun, dépourvu de temps, de forme et de vie. De cette immensité liquide surgit une butte originelle, le Benben, associée à la première terre à émerger à la suite des inondations du Nil. C’est sur cette colline que paraît le dieu Atoum, l’être complet par excellence, qui incarne le soleil couchant et le principe créateur auto-engendré. Par divers actes créateurs (masturbation, crachat, vomissement, selon les versions), il donne naissance aux premiers éléments structurants du cosmos : l’air sec (Shou) et l’humide (Tefnout). Le mythe d’Héliopolis se distingue par sa volonté de décrire une genèse à la fois physique et spirituelle de l’ordre du monde, dans une perspective solaire où le dieu Rê-Atoum est à la fois origine, principe et lumière.

II. Les légendes qui l’entourent

Le mythe d’Héliopolis se déploie comme une fresque complexe où les générations divines incarnent à la fois les éléments du monde et les dynamiques de la vie humaine. Après la naissance de Shou et Tefnout, ceux-ci engendrent Geb, la Terre, et Nout, le Ciel. Leur union fusionnelle menace de rendre impossible l’émergence de l’espace vital. Shou, leur père, les sépare en élevant Nout au-dessus de Geb, créant ainsi le vide entre ciel et terre, condition indispensable à l’apparition de la vie.

Dans cette fissure, la lumière se déploie, les cycles se mettent en place, et les équilibres fondamentaux s’installent. De Geb et Nout naissent ensuite Osiris, Isis, Seth, Nephtys et parfois Horus l’Ancien, formant l’Ennéade d’Héliopolis. Le récit se prolonge avec le meurtre d’Osiris par Seth, puis sa résurrection symbolique grâce à Isis. Ce cycle mythique fonde les grands principes égyptiens de la mort, de la renaissance et de la justice divine, tandis que le combat d’Horus contre Seth introduit le thème central de la lutte entre ordre et chaos, reflétant le rôle du pharaon dans le maintien de la Maât.

III. Les personnages impliqués dans ce mythe

Au commencement, Atoum, démiurge bisexuel, se suffit à lui-même. Il incarne à la fois l’absence et la totalité, le non-être et le tout. Il est à l’origine de la lumière et de toute création. Ses enfants, Shou (air) et Tefnout (humide), forment le premier couple divin et sont les piliers de l’atmosphère et du climat. Viennent ensuite Geb (la Terre), souvent représenté allongé sous le corps de Nout (le Ciel), voûte étoilée que Shou maintient à distance.

Comme nous l’avons vu, de cette union divine naissent cinq figures majeures : Osiris, souverain mythique, dieu de la fertilité et des morts ; Isis, déesse mère et magicienne ; Seth, démiurge chaotique et violent ; Nephtys, protectrice discrète des morts ; et parfois Horus l’Ancien, précurseur d’Horus le Jeune, fils d’Isis et d’Osiris. Cette Ennéade, bien que hiérarchisée, n’est pas figée : les filiations varient selon les époques et les régions.

Bien que vieux de plus de 4 000 ans, le mythe d’Héliopolis continue d’exercer une influence profonde, tant dans l’imaginaire collectif que dans certaines structures philosophiques modernes. D’un point de vue historique, il a servi de fondement aux cérémonies royales, aux textes sacrés et à l’iconographie du pouvoir en Égypte. Sur un plan symbolique, il préfigure des thèmes universels : le passage du chaos à l’ordre, la légitimité du pouvoir fondée sur le divin, la dualité entre lumière et ténèbres, ou encore le mythe du fils vengeur.

Dans l’art, la littérature, le cinéma, des échos de cette cosmogonie apparaissent encore aujourd’hui, que ce soit dans des œuvres inspirées de l’Égypte antique ou dans des récits plus larges de lutte cosmique.