Représentation de Morgause, soeur du roi Arthur - mythologie celtique - IA generated
Rate this page
Représentation de la déesse celtique Morgause - IA generated

Dans l’ombre des héros de la Table Ronde, une figure féminine fascinante se dessine, enveloppée de mystère, de pouvoir et de scandales : Morgause, reine d’Orcanie. Sœur d’Arthur, mère de Gauvain et de l’infâme Mordred, elle incarne à elle seule les tensions les plus explosives de la légende arthurienne. Tour à tour épouse loyale, stratège politique, amante maudite et mère vengeresse, Morgause est bien plus qu’un simple personnage secondaire. Oubliée ou fusionnée avec sa sœur Morgane selon les récits, elle ressurgit au cœur des plus grandes tragédies du mythe, déterminée à façonner le destin des royaumes, quitte à semer la discorde. Voici l’histoire captivante de cette femme de l’ombre, dont les choix ont scellé le sort de Camelot.

I. Origines et liens familiaux de Morgause

Morgause, aussi nommée Anna ou Morcadès dans les traditions médiévales, est une figure énigmatique dont les origines varient selon les sources. Elle est l’une des filles du duc Gorlois de Cornouailles/Tintagel et de la duchesse Ygerne. Elle est donc une demi-sœur du roi Arthur, issue du remariage de leur mère avec Uther Pendragon. Ce contexte familial complexe place Morgause au cœur des dynasties royales de Bretagne et la relie à l’un des personnages les plus emblématiques des légendes arthuriennes.

Ses frères et sœurs incluent Morgane, souvent dépeinte comme une enchanteresse redoutable, et Élaine, dont les apparitions dans les récits sont plus discrètes. Morgause se distingue cependant par son mariage avec le roi Lot d’Orcanie, qui renforce sa position de puissance dans le monde arthurien.

Dans l’« Historia Regum Britanniae » de Geoffroy de Monmouth, Anna est explicitement présentée comme la sœur d’Arthur et est donnée en mariage au roi Lot d’Orcanie, un fidèle vassal d’Uther, pour récompenser ses hauts faits d’armes. Cette alliance scelle non seulement l’union de deux maisons puissantes, mais prépare aussi la genèse de figures majeures du cycle arthurien. L’historien indique également que Hoël, roi de Bretagne armoricaine, serait le fils d’Anna et de Budic, renforçant le poids dynastique de Morgause à travers la Bretagne insulaire et continentale. Dès l’origine, Morgause est donc une héritière de sang royal et une pièce maîtresse dans l’échiquier politique du mythe arthurien.

II. Mariage avec le roi Lot et descendance illustre

Le mariage de Morgause avec le roi Lot d’Orcanie est un événement majeur qui établit son rôle central dans le cycle arthurien. Lot, roi d’un puissant royaume du nord, est souvent dépeint comme un allié initial d’Arthur avant de devenir son ennemi. Cette union confère à Morgause une influence politique considérable et marque le début de son rôle en tant que mère d’une lignée légendaire.

Avec Lot, Morgause a quatre fils :

  • Gauvain, l’un des plus célèbres chevaliers de la Table Ronde, connu pour sa bravoure et son code de l’honneur.
  • Agravain, souvent décrit comme un personnage trouble, impliqué dans des intrigues contre Lancelot.
  • Gaheris, dont les actions controversées, comme le meurtre de sa propre mère, marquent les récits.
  • Gareth, le plus noble et pur de ses fils, admiré pour sa gentillesse et son habileté au combat.

Selon certaines versions des légendes, Morgause est aussi la mère de Mordred, né d’une union interdite avec Arthur, son demi-frère.

Le rôle de Morgause comme mère va bien au-delà de la simple généalogie. Elle est souvent présentée comme une femme ambitieuse, prête à tout pour assurer la prospérité et le pouvoir de ses enfants. Toutefois, ses choix provoquent des divisions au sein de la Table Ronde et alimentent les conflits entre les chevaliers.

III. Liaisons controversées et tragédies familiales

Le personnage de Morgause est souvent associé à des liaisons qui défient les conventions de l’époque. Dans l’épisode de l’union incestueuse avec Arthur, ignorant leur parenté, que sa légende atteint une intensité dramatique. De cette relation naît Mordred, enfant du destin et futur traître du royaume, élevé par sa mère dans la haine du roi. Ce fils portera le coup fatal à Camelot lors de la bataille finale.

Plus tard, dans le Morte d’Arthur de Thomas Malory, Morgause est surprise par son fils Gareth dans les bras de Lamorak de Galles — fils du chevalier Pellinore, meurtrier du roi Lot. Ce dernier acte de passion se solde dans le sang : Gareth tue sa propre mère et son amant, perpétuant ainsi la spirale de vengeance entre les lignées. Dans certaines traditions, Morgause est même fusionnée avec la fée Morgane, accentuant encore son aura de femme puissante, ambivalente et dangereuse.

Bien qu’éclipsée par des figures comme Morgane ou Guenièvre, Morgause a largement inspiré les auteurs modernes. Dans « Les Brumes d’Avalon » de Marion Zimmer Bradley, elle devient la tante rusée et ambitieuse de Morgane, une femme de pouvoir à part entière, élevant Mordred pour servir ses propres desseins. La série « Kaamelott » de Alexandre Astier la présente sous le nom d’Anna, sœur aînée d’Arthur, haineuse et revancharde. Elle apparaît aussi dans la série « Merlin » (BBC, 2008) sous les traits d’une sorcière puissante, demi-sœur de Morgane. Ce regain d’intérêt reflète le rôle clé de Morgause comme moteur narratif : elle est l’une des rares femmes du cycle arthurien à incarner à la fois la mère des héros, la séductrice et l’instigatrice de la chute d’un royaume. Sa complexité fascine, et en cela, elle continue de résonner avec les figures féminines fortes des récits contemporains.