La Mésopotamie, surnommée le berceau de la civilisation, a donné naissance à des légendes aussi vastes que le Tigre et l’Euphrate, ses deux fleuves emblématiques. Mais au cœur de cette mosaïque mythologique, une figure se démarque : Sarpanitu. Qu’était cette déesse et comment sa présence a-t-elle façonné les récits mésopotamiens? Plongez aujourd’hui dans les eaux mystérieuses de cette déesse.

I. Les origines de Sarpanitu
A. Le panthéon mésopotamien
Ṣarpānītu, parfois appelée Zirbanit ou Zarbanit, est une déesse babylonienne, parèdre de Marduk, le dieu suprême de Babylone, et mère de Nabû, le dieu de la sagesse. Son nom pourrait dériver de “Ṣarpān”, un village aux alentours de Babylone qui n’est pas attesté, ou de mots sumériens et akkadien signifiant « argent » (ṣarpu) ou « peuplier » (ṣarbat). Ces origines suggèrent que la déesse pourrait être liée à des concepts de richesse ou de fertilité, bien que ses aspects cultuels ne soient pas entièrement clairs. Sa figure, bien qu’importante en tant que compagne de Marduk, n’a pas une personnalité indépendante proprement définie dans la mythologie, et elle est avant tout perçue à travers son rôle de consort et mère dans le panthéon babylonien.
B. Rôle et importance de la déesse
En Mésopotamie, Sarpanitu était considérée comme la déesse de la reproduction, assurant ainsi la pérennité des familles et des communautés. Elle était le symbole de la vie et de la prospérité. Son rôle ne se limitait pas à la simple reproduction, elle était également considérée comme une protectrice. Une gardienne des jeunes, des mères, une figure de la maternité sacrée.
À une époque où la mortalité était élevée, imaginez l’importance qu’une telle déesse aurait pu avoir ? Elle était l’espoir, le souffle de vie et la protection.
En comparaison avec les autres religions et civilisations, nous aurions pu croire en effet qu’une telle divinité fasse l’objet de nombreuses aventures sensées expliquées au commun des mortels certaines lois de la nature, mais il n’en est rien pour Sarpanitu.
Cette dernière est principalement connue à travers son association avec son mari et ne semble pas avoir une personnalité distincte développée. Son principal lieu de culte est établi au sein du grand temple de Marduk, connu sous le nom d’Esagil à Babylone. Elle occupe une cella adjacente à celle du dieu Marduk, dans laquelle se trouve sa statue de culte, censée symboliser sa présence dans ce lieu. Un lit nuptial est également présent, utilisé lors de la cérémonie du Mariage sacré, qui célèbre l’union rituelle de Sarpanitu avec Marduk.
Sarpanitu joue un rôle important dans plusieurs rituels où l’attention est principalement dirigée vers son époux, en particulier lors de la grande fête akītu qui se tient lors du Nouvel An, une célébration majeure dans le calendrier cultuel babylonien. Sa statue, qui garantit sa présence à cette fête, est l’objet de nombreux hommages et participe à des processions impliquant les statues d’autres divinités mésopotamiennes.
Un rituel moins connu, présenté dans un texte appelé les “Love Lyrics”, met en scène Sarpanitu confrontée aux infidélités présumées de Marduk. Dans cette histoire, Marduk poursuit les faveurs d’Ishtar de Babylone dans les rues de la ville, ce qui suscite la jalousie de Sarpanitu, qui le poursuit à son tour. (Entre nous, cela serait arrivé à Aphrodite, il aurait fallu des pages et des pages pour évoquer sa vengeance et l’impact de cette dernière sur l’espèce humaine 😉 )
II. Les amours et la descendance de Sarpanitu
Ṣarpānītu est principalement connue pour son mariage avec Marduk, une union qui est essentielle à son rôle dans le panthéon babylonien. Leur mariage, en plus d’être symboliquement central pour la culture babylonienne, a des implications religieuses profondes, surtout lors de la célébration du Mariage sacré pendant la fête du Nouvel An Akītu. Ensemble, ils ont un fils, Nabû, qui devient le dieu de la sagesse, de la littérature et de l’écriture.
Bien que Ṣarpānītu ne semble pas avoir une progéniture plus étendue (ironique pour une déesse de la reproduction), son fils Nabû joue un rôle clé dans le panthéon babylonien, prenant parfois une place plus importante que celle de sa mère dans certains textes.
Bien que Ṣarpānītu ne soit pas aussi connue que des divinités plus emblématiques comme Ishtar ou Marduk, elle a tout de même une présence notable dans la culture moderne, principalement à travers les jeux vidéo et autres médias (peu en Europe car nos films et séries couvrent rarement la mythologie mésopotamienne). Dans certaines œuvres, elle est représentée comme une figure divine symbolisant l’union sacrée, la fidélité, et parfois la jalousie, selon les récits anciens. Son rôle dans la mythologie peut également être vu comme une manière de mettre en lumière le rôle de la femme dans la culture mésopotamienne : en tant que déesse, elle n’est pas seulement un simple ornement pour Marduk, mais participe activement aux rituels importants de la ville de Babylone, montrant ainsi une représentation féminine complexe dans la religion mésopotamienne.
Dans les jeux vidéo comme Final Fantasy ou Civilization, des personnages ou des éléments inspirés des divinités babyloniennes, dont Ṣarpānītu, apparaissent sous des formes variées.
*cella ==> terme architectural utilisé pour décrire la partie la plus sacrée et la plus intérieure d’un temple ou d’un sanctuaire religieux