
Parmi les personnages les plus marquants de la mythologie mésopotamienne, on retrouve Adapa. Il apparait pour la première fois dans les tablettes d’argile datant du 14ème siècle avant JC. Selon les historiens, Il était un sage de la ville d’Eridu, qui aurait vécu pendant le règne de la première dynastie de Sumer. Découvrez aujourd’hui son histoire, les différentes interprétations faites de son personnage, les symboles et les thèmes qui lui sont associés, ainsi que les légendes et les récits qui ont façonné sa renommée.
I. Qui est Adapa ?
Adapa est décrit dans la mythologie mésopotamienne comme le premier prêtre d’Eridu, ville légendaire souvent considérée comme la plus ancienne cité de Sumer et le berceau de la civilisation. Créé par Ea, le dieu des eaux douces et des techniques, Adapa se distingue par sa grande sagesse, un don divin qui le place au-dessus des simples mortels. Ce personnage est souvent assimilé aux apkallu, les sept sages antédiluviens chargés de transmettre la connaissance et les arts aux humains.
Contrairement à certains d’entre eux qui ont un statut semi-divin, Adapa reste fondamentalement humain. Il est mortel, ce qui souligne la dualité de sa condition : être choisi par les dieux pour recevoir des privilèges extraordinaires tout en restant soumis à la finitude humaine. Son rôle principal à Eridu consiste à accomplir des rites sacrés, à préparer la nourriture et les offrandes pour Ea, et à pêcher dans le golfe Persique, des activités qui témoignent de son dévouement pour la divinité qu’il sert.
II. La légende d’Adapa
Sa légende commence alors qu’il va pêcher pour son maître Ea, mettant en évidence sa vie de dévotion et son rôle de serviteur fidèle. Lors de cette expédition, il est confronté au Vent du Sud, personnifié par l’oiseau Šutu, qui fait chavirer son bateau et menace de le noyer. Furieux de cette perturbation, Adapa invoque une malédiction qui brise l’aile de l’oiseau, mettant fin à son souffle. Cette action déstabilise l’ordre naturel, car le Vent du Sud, essentiel aux cycles saisonniers et à la vie en Mésopotamie, ne souffle plus sur la terre pendant sept jours.
Anu, le dieu suprême du ciel, remarque cette anomalie et demande des explications à son vizir, qui lui rapporte les faits. Il convoque alors le mortel dans son royaume céleste, cherchant à comprendre pourquoi un simple mortel a osé défier un élément vital du cosmos.
Avant son ascension, Ea, protecteur mais rusé, conseille son serviteur sur la conduite à tenir pour affronter Anu. Il lui recommande de se revêtir d’habits de deuil et de feindre la tristesse devant les dieux gardiens, Dumuzi et Ningishzida, afin de gagner leur soutien. De plus, Ea met en garde Adapa contre la consommation de la nourriture et de la boisson qu’Anu pourrait lui offrir, car elles sont présentées comme étant mortelles. Adapa suit ces instructions à la lettre, s’attirant ainsi la sympathie des gardiens des portes célestes qui le laissent passer et appuient sa cause auprès d’Anu.
Devant le dieu suprême, Adapa expose calmement son acte : il explique qu’il pêchait pour la maison de son maître Ea lorsque le Vent du Sud l’a fait chavirer et, sous l’emprise de la colère, il a maudit l’oiseau. Anu, impressionné par la sincérité d’Adapa et intrigué par sa sagesse, décide de le mettre à l’épreuve en lui offrant la nourriture et la boisson de la vie éternelle, un geste qui aurait pu faire d’Adapa un être immortel. Mais, fidèle aux avertissements d’Ea, Adapa refuse.
La réaction d’Anu varie selon les versions du récit : dans certaines, il exprime sa déception en révélant qu’Adapa a manqué l’opportunité de transcender sa condition humaine. Dans d’autres, il semble intrigué par le rôle d’Ea dans cette ruse et se demande pourquoi le dieu de la sagesse a accordé à Adapa un tel degré de clairvoyance tout en lui refusant l’immortalité.
La légende se conclut par le renvoi d’Adapa sur terre, doté d’une sagesse sans égale mais privé d’immortalité. Ce refus marque la destinée humaine, condamnée à une vie éphémère mais éclairée par la connaissance. Anu, tout en pardonnant l’acte d’Adapa, maintient la séparation entre les dieux et les hommes, garantissant ainsi l’équilibre cosmique. Certaines versions ajoutent que le mythe se termine par une incantation liée à la guérison des maladies, renforçant l’idée qu’Adapa, bien que mortel, porte en lui un savoir qui apaise et protège l’humanité.
III. Les symboles derrière cette légende
Le mythe d’Adapa, bien que centré sur la quête de survie et la sagesse humaine, aborde des thèmes profonds tels que la condition mortelle des hommes et la crainte des dieux de voir leur statut menacé. Ea, en tant que protecteur et initiateur, incarne la dualité du don et de la restriction : il offre à Adapa la sagesse mais l’empêche de devenir immortel, un acte qui semble protéger l’ordre cosmique. Ce récit trouve des parallèles frappants avec d’autres mythes de la chute humaine, tels que celui d’Adam et Ève, où la connaissance est acquise mais l’immortalité refusée. L’histoire de la nourriture et de la boisson de vie qu’Adapa refuse rappelle la tension entre savoir et immortalité, soulignant le rôle des dieux comme gardiens du mystère divin et de la hiérarchie sacrée.
Adapa a été représenté dans de nombreux ouvrages de fiction modernes, notamment dans la science-fiction et la fantasy. Dans ces œuvres, il est généralement présenté comme un personnage mystérieux et puissant, doté d’une grande sagesse et de pouvoirs divins. Son influence sur la culture populaire moderne, en particulier dans la musique et la littérature., se retrouve à travers certains groupes de rock ayant utilisé son nom comme référence dans leurs chansons, dans des romans d’auteurs ou des histoires courtes inspirés de sa légende.
Cette continue d’être pertinente aujourd’hui, car elle aborde des thèmes universels tels que la quête de la connaissance, la sagesse et la liberté.