Dans les méandres de la mythologie grecque, un dieu primordial émerge des profondeurs marines : Pontos, le souverain des mers. Ce dieu océanique incarne la puissance brute et l’immensité de la mer, et son influence s’étend sur de nombreux aspects de la vie humaine et divine. Dans cet article, plongeons dans les récits palpitants qui entourent Pontos, explorons ses guerres et querelles, ses amours passionnées et sa descendance remarquable.
I. Introduction à Pontos
Dans la mythologie grecque, Pontos (Πόντος), dont le nom signifie littéralement « le Flot », incarne la personnification masculine de la mer originelle. Il figure parmi les divinités primordiales issues du Chaos, né de Gaïa seule, la Terre-Mère, selon la tradition rapportée par Hésiode. Pontos se distingue d’autres figures marines comme Océan, dieu des courants extérieurs, et Poséidon, dieu olympien des mers, par son caractère archaïque, silencieux et sans forme anthropomorphique définie.
Il est l’abîme marin fondamental, antérieur à toute organisation divine. En ce sens, Pontos n’est pas un dieu à visage humain, mais plutôt une force élémentaire impersonnelle incarnant l’immensité insondable des eaux salées. Ce genre de personnage de la lythologie qui n’ont pour seul but que d’expliquer un phénomène naturel. De ce fait, sa présence dans les légendes et mythes grecs est quasi nulle.
II. Les exploits de Pontos
Contrairement à d’autres divinités majeures ou même à certaines figures primordiales, aucun mythe héroïque, récit épique ou légende spécifique n’est directement centré sur Pontos. Il ne participe ni aux querelles divines ni aux grandes guerres cosmogoniques, comme la Titanomachie ou la Gigantomachie.
Sa présence est toutefois essentielle car il est le « géniteur » de plusieurs figures mythiques majeures. Le silence mythologique qui entoure Pontos n’est pas un oubli, mais plutôt une manifestation de son rôle fondamental et intemporel : celui d’un principe créateur passif mais fécond.
III. Son culte et ses représentations
Pontos, bien qu’omniprésent dans les généalogies divines, ne possédait pas de culte propre connu dans la Grèce antique. Contrairement à son descendant Poséidon, vénéré avec faste dans de nombreuses cités côtières, Pontos n’avait ni temples, ni fêtes, ni prêtres attestés dans les sources classiques. Il s’agissait d’une divinité conceptuelle, que l’on respectait sans forcément l’adorer, à l’image des puissances naturelles primordiales.
En iconographie, il est rarement représenté, et lorsqu’il l’est, c’est souvent de manière symbolique ou à travers ses enfants, notamment Phorcys ou Nérée, figures plus anthropomorphisées. Son rôle s’efface donc derrière la descendance.
IV. Les amours et la descendance de Pontos
L’union la plus célèbre de Pontos est celle qu’il forme avec sa propre mère, Gaïa. De cette union naissent cinq figures essentielles de la mer :
- Nérée, le « vieillard de la mer », connu pour sa sagesse,
- Thaumas, dont le nom évoque la merveille, père des Harpies et d’Iris,
- Phorcys et Céto, deux divinités marines liées à la monstruosité (parents des Gorgones, des Grées et de Scylla),
- et Eurybie, force féminine incarnant la violence des éléments marins.
Selon d’autres traditions, Pontos aurait également engendré des créatures marines avec Thalassa, sa pendant féminine, bien qu’elle soit absente chez Hésiode. Cette union secondaire donne naissance aux poissons et à toutes les créatures marines.
Bien qu’il ne soit pas une figure mythologique exploitée dans les arts ou les récits modernes comme peuvent l’être Poséidon ou Océan, son héritage linguistique et symbolique demeure. Le terme « Pont » (et ses dérivés comme le Pont-Euxin, nom antique de la mer Noire) provient directement de son nom. En philosophie ou en écologie contemporaine, Pontos peut être invoqué comme symbole de l’inconscient collectif lié à la mer, un espace insondable, porteur de vie et de mystère. Dans les généalogies mythiques, il demeure une figure matricielle essentielle, fondation d’un monde marin peuplé de créatures mythiques dont l’imaginaire continue d’alimenter l’art, la littérature et les jeux vidéo.