Dans le firmament scintillant de la mythologie grecque, Eos, la déesse de l’aurore, émerge tel un doux rayon de lumière matinale, peignant le ciel de couleurs éclatantes. Mais sa vie sentimentale est, malheureusement, bien loin d’être aussi éblouissante. Découvrez les malheurs que lui a causé la colère d’Héra.

I. L’Origine d’Eos et Son Rôle Mythique
Éos (Ἠώς / Ēṓs en grec ancien), est la déesse de l’Aurore, appartenant à la première génération divine. Elle est la fille des Titans Hypérion et Théia, et la sœur du Soleil Hélios et de la Lune Séléné. Chaque matin, elle quitte l’Orient, montant sur son char tiré par deux chevaux ailés, Phaéton et Lampos, pour annoncer la venue du jour aux dieux et aux hommes. Elle est souvent décrite par Homère et Hésiode comme ayant des « doigts de rose » (ῥοδοδάκτυλος, rhododáktylos) et une robe couleur safran, illuminant le ciel de ses premières lueurs.
Elle réside aux confins du monde, près de l’Océan, dans un lieu souvent décrit comme mythique. Pour d’autres, résidant aux confins de l’Océan qui entoure le monde habité, elle quitte le lit de Tithon à l’aube pour monter dans son char et annoncer aux dieux l’arrivée de son frère Hélios. Elle l’accompagne dans sa course céleste, son char tiré par les chevaux ailés Phaéton et Lampos. Le soir, elle descend de l’Olympe pour retourner chez elle, escortée par les Heures.
II. Ses amours et sa descendance : la source de ses légendes
Éos est une déesse dont la mythologie est marquée par des amours passionnées et tragiques, souvent causées par une malédiction d’Aphrodite. Jalouse de sa liaison avec Arès, la déesse de l’amour la condamna à une insatiable attirance pour les jeunes mortels, ce qui mena Éos à enlever plusieurs hommes d’une grande beauté, bien que leur destin soit souvent funeste.
A. Ses amants et leur destin tragique
L’enlèvement d’Orion
L’un des premiers amours d’Éos fut le géant Orion, un chasseur d’une beauté exceptionnelle. Dans certaines versions, elle l’enleva et l’amena à Délos, sous l’influence de son désir irrépressible. Cependant, cette relation fut interrompue par Artémis, qui tua Orion, soit par jalousie, soit à la demande des dieux. Certaines traditions disent qu’Apollon, inquiet de la puissance et de l’arrogance d’Orion, poussa sa sœur à le tuer. Pour d’autres, ce fut un scorpion envoyé par Gaïa qui mit fin à sa vie. Après sa mort, Orion fut immortalisé sous la forme d’une constellation, poursuivie éternellement dans le ciel par la constellation du Scorpion.
L’enlèvement de Céphale et la jalousie de Procris
Après la perte d’Orion, Éos s’éprit d’un autre mortel, Céphale, un prince athénien marié à Procris. Éos l’enleva et l’emmena en Syrie, où selon certaines versions, ils eurent un fils, Phaéton (à ne pas confondre avec le Phaéton, fils d’Hélios). Mais, malgré les charmes de la déesse, Céphale resta fidèle à Procris, ce qui exaspéra Éos. Frustrée, elle le renvoya chez lui mais insinua qu’il ne pourrait plus jamais faire confiance à sa femme.
De retour à Athènes, Céphale testa Procris en se déguisant et en lui faisant des avances sous un faux nom. Après une longue résistance, elle finit par céder, ce qui provoqua une crise de jalousie et de colère chez Céphale. Bien que le couple se réconcilie, la suspicion persista. Un jour, alors que Céphale chassait et louait « l’Aura » (la brise du matin, ou peut-être Éos elle-même), Procris, convaincue qu’il parlait à une amante cachée, l’épia dans un buisson. L’entendant bouger, Céphale crut voir une bête et lui lança sa lance, tuant accidentellement son épouse.
L’histoire tragique de Tithon
Un des mythes les plus célèbres d’Éos concerne Tithon, un prince troyen d’une grande beauté. Tombée amoureuse, elle demanda à Zeus de lui accorder l’immortalité, mais oublia de demander la jeunesse éternelle.
Ainsi, Tithon vieillit sans jamais mourir, son corps devenant fragile et son esprit sombrant dans la folie. Avec le temps, Éos ne put plus supporter de le voir dépérir et l’enferma dans une chambre isolée. Dans certaines versions, il fut transformé en cigale, condamné à chanter sans cesse d’une voix tremblante.
La douleur d’Éos après la mort de Memnon
Éos eut plusieurs enfants de Tithon, dont Émathion et Memnon. Memnon, roi d’Éthiopie, combattit aux côtés des Troyens lors de la guerre de Troie et fut tué par Achille lors d’un duel épique.
Dévastée par la perte de son fils, Éos supplia Zeus de lui accorder un honneur posthume. Touché par sa peine, le dieu suprême transforma Memnon et ses compagnons en oiseaux sacrés, les Memnonides, qui chaque année revenaient rendre hommage à leur roi. Selon une autre version, Zeus offrit l’immortalité à Memnon.
Mais la douleur d’Éos ne s’arrêta pas là : selon le mythe, ses larmes tombèrent chaque matin sous forme de rosée, faisant d’elle la personnification du deuil éternel et du renouveau du jour.
B. Sa descendance divine : les vents et les astres
Éos ne fut pas seulement la mère d’enfants mortels, elle donna aussi naissance à des divinités primordiales. De son union avec Astréos, elle enfanta les principaux dieux des vents et des astres :
- Borée, le vent du Nord, associé à l’hiver et à la tempête.
- Notos, le vent du Sud, qui apporte les pluies torrentielles de l’été.
- Euros, le vent de l’Est, plus discret, mais lié à l’automne.
- Zéphyr, le vent de l’Ouest, une brise douce et printanière.
- Éosphoros (ou Phosphoros), l’étoile du matin, qui fut plus tard assimilée à Lucifer dans la tradition romaine.
- Les autres étoiles du ciel, qui illuminent la nuit sous la supervision de son fils.
Éos est ainsi mère de l’aurore et du vent, incarnant le passage entre la nuit et le jour. Sa descendance souligne son lien profond avec les cycles naturels et le cosmos.
III. Descendance Célèbre d’Eos
Dans la littérature et les arts, Éos est une figure récurrente. Elle est représentée sur de nombreuses céramiques grecques, souvent en train de poursuivre l’un de ses amants ou chevauchant son char céleste. Son histoire a aussi inspiré des œuvres célèbres de la Renaissance, comme « L’Aurore » de Guido Reni et « Céphale et Aurore » de Nicolas Poussin.
Son influence se retrouve aussi dans la science et l’astronomie :
- Les expressions comme « aurore » et « éosine » (un pigment rosé utilisé en biologie) découlent directement de son influence.
- L’astéroïde 221 Éos porte son nom, ainsi qu’une famille d’astéroïdes qui orbitent dans le système solaire.
- Son fils Éosphoros (l’Étoile du Matin) a donné naissance au terme « Lucifer », qui sera réinterprété par la tradition chrétienne.
Éos, bien que moins vénérée que d’autres divinités grecques, a marqué durablement l’imaginaire collectif. Son rôle d’annonciatrice du jour a inspiré de nombreuses cultures, et son nom se retrouve dans plusieurs traditions indo-européennes. On la rapproche de l’Aurore romaine, d’Ushas chez les Védas, et d’Aušrinė en Lituanie.