
Attis propose un mythe comme on les aime dans la mythologie grecque : tragédie, amour et la métamorphose. Issu de la mythologie phrygienne, son histoire est entrelacée avec celle de la déesse Cybèle. Explorons ensemble ses origines, son lien avec Cybèle, et la fameuse légende qu’il a inspirée.
I. Origines et Naissance d’Attis
L’histoire d’Attis commence dans la région de Phrygie, une ancienne région de l’Asie Mineure (actuelle Turquie), où il était vénéré comme un dieu de la végétation.Tout commence avec Zeus, dont le désir irrépressible pour Cybèle, une roche sacrée, aboutit à la naissance d’Agdistis, un être hermaphrodite d’une force redoutable. Effrayés par cette créature (qui violait femmes, déesses et enfants), les dieux décident de l’émasculer. Du sang jaillissant de cette mutilation naît un amandier, dont les fruits deviennent porteurs de vie. La fille du dieu-fleuve Sangarios, Nana, cueille une amande mûre et, en la plaçant contre son sein, tombe miraculeusement enceinte. Ainsi naît Attis, un enfant abandonné qui est recueilli et nourri par des chèvres sauvages. Ce jeune garçon, fruit d’une lignée divine et d’une intervention miraculeuse, grandit pour devenir un jeune homme d’une beauté exceptionnelle, destiné à une existence à la fois sacrée et tragique.
II. Qui est Cybèle ?
Cybèle, souvent appelée la « Mère des dieux », est une déesse phrygienne associée à la fertilité, à la nature sauvage, et aux montagnes. Selon les récits phrygiens, elle naît d’un roi nommé Méon et de son épouse Dindyme. Cependant, ses parents l’abandonnent à sa naissance sur le mont Cybélus. Protégée par des divinités et nourrie du lait de panthères et d’autres animaux féroces, elle est finalement recueillie par des bergères. En grandissant, Cybèle se distingue par son intelligence, sa beauté, et son esprit créatif. Elle invente des instruments tels que la flûte à plusieurs tuyaux, les cymbales et le tambour, qui deviendront centraux dans son culte. Elle acquiert également la réputation de guérisseuse grâce à ses remèdes et chants magiques.
Cependant, la vie de Cybèle prend une tournure tragique lorsqu’elle tombe amoureuse d’un jeune homme nommé Attis, dont elle a une liaison secrète. Ce lien est découvert par ses parents lorsqu’elle est ramenée dans le palais royal. La révélation de cette « faute » entraîne une terrible vengeance : son père ordonne l’exécution des bergères qui l’ont élevée (et d’Attis lui-même, selon certains textes). Profondément marquée par cette perte, Cybèle sombre dans la folie. Elle parcourt le pays, les cheveux épars, se lamentant et battant des tambours, tandis que Marsyas, son fidèle compagnon, tente de la consoler. Dans son errance, elle finit par trouver refuge auprès de Bacchus sur le mont Nysa.
III. Le mythe d’Attis
Le mythe d’Attis est profondément marqué par son lien avec Cybèle, qui devient à la fois sa protectrice et son amante. Attis, d’une beauté inégalée, attire son regard alors qu’il est encore berger. Cybèle, séduite, l’approche et fait de lui le gardien de son culte, lui imposant un vœu de chasteté. Mais le jeune homme tombe amoureux de la nymphe Sagaritis, ou selon d’autres versions, d’une princesse mortelle, rompant ainsi son serment. Furieuse et jalouse, Cybèle détruit l’arbre auquel l’âme de Sagaritis est liée, causant la mort de la nymphe. En proie à la culpabilité et au désespoir, Attis sombre dans la folie et s’émascule sous un pin sacré, se sacrifiant pour échapper au conflit entre son amour terrestre et son devoir divin. Dans une autre version, la déesse elle-même le pousse à cette mutilation, en punition de sa trahison. Ce geste tragique scelle le destin d’Attis, qui devient une figure centrale du culte de Cybèle, incarnant le cycle éternel de mort et de renaissance.
IV. Sa fin
Après son auto-émasculation, Attis meurt sous le pin sacré, mais son histoire ne s’arrête pas là. Touchée par le repentir et la douleur d’Attis, Cybèle implore les dieux de préserver son corps de la corruption. En réponse, les dieux accordent à Attis une forme d’immortalité symbolique : son corps reste intact, et certaines versions rapportent que son petit doigt continue de bouger. Du sang d’Attis naissent les violettes, et le pin, toujours vert, devient son symbole. Sa mort et sa renaissance sont célébrées dans des rituels printaniers où l’on abattait un pin décoré pour représenter le jeune dieu. Ces célébrations marquent le cycle éternel de la vie, de la mort et du renouveau, un thème central dans son culte.
Dans la littérature, Attis est mentionné par plusieurs auteurs anciens, y compris Ovide et Catulle. Ce dernier, dans son célèbre poème « Attis », décrit de manière poignante la tragédie du jeune homme, sa transformation en prêtre de Cybèle et sa souffrance à cause de son amour pour la déesse. Le poème de Catulle est l’une des sources les plus riches pour comprendre la perception d’Attis dans le monde romain, offrant un aperçu de la complexité psychologique de ce personnage et de l’impact émotionnel de son histoire.