Représentation de la divinité grecque Até, AI-generated
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Représentation de la divinité grecque Até, AI-generated

Dans la mythologie grecque, certaines divinités incarnent des concepts abstraits essentiels à la compréhension de l’expérience humaine. Até est l’une de ces figures, personnifiant la faute, l’égarement et la folie. Cet article explore ses origines, son rôle dans les mythes grecs et son influence sur la culture antique.

I. Origines et généalogie d’Até

Até (Ἄτη), divinité grecque complexe et redoutée, trouve ses origines dans les récits antiques divergents de deux poètes majeurs : Homère et Hésiode. Selon Homère, elle est présentée comme la fille aînée de Zeus lui-même, issue de son union avec Héra. Dans cette tradition, elle incarne directement la conséquence des erreurs divines, née pour personnifier l’égarement et la folie envoyés par Zeus aux mortels.

Au contraire, chez Hésiode, elle est décrite comme fille d’Éris, la déesse de la Discorde (et fière maman d’une tripotée de monstres et d’horreurs de la nature, visiblement), elle-même née des ténèbres primordiales de Nyx. Cette origine la rattache ainsi à une lignée divine sombre, imprégnée de conflit et de malveillance.

Cette divinité incarne l’égarement funeste et les actions irréfléchies. Elle symbolise les moments où l’esprit humain est aveuglé, menant à des décisions précipitées et à des conséquences désastreuses.

II. Ses amours et sa descendance

Les sources antiques ne font pas explicitement mention des amours ni d’une descendance propre à Até. Son rôle mythologique est entièrement focalisé sur l’incarnation des erreurs divines et humaines, provoquant ainsi l’égarement et les conséquences désastreuses.

Toutefois, elle est régulièrement accompagnée ou suivie par ses sœurs, les Lites, divinités chargées de réparer les dommages causés par ses actions néfastes.

III. Até dans les récits mythologiques

La légende la plus célèbre associée à cette divinité secondaire est celle relatée par Homère dans l’Iliade : Até égare Zeus, sur instigation d’Héra. Lorsque Zeus annonce solennellement qu’un héros issu de son sang règnera sur Mycènes, Até précipite habilement la naissance d’Eurysthée, privant ainsi Héraclès de son destin royal. Zeus, fou de colère d’avoir été trompé, bannit Até hors de l’Olympe en la saisissant par les cheveux et en la jetant sur Terre. Até tombe en Phrygie, précisément sur une colline qui portera son nom, futur emplacement de la ville légendaire de Troie.

Elle apparaît également dans les Dionysiaques de Nonnos de Panopolis, où elle pousse Ampélos à commettre une imprudence fatale afin de satisfaire la vengeance d’Héra contre Dionysos.

IV. Son culte et sa représentation

Contrairement à d’autres divinités grecques, elle ne possède pas de culte officiel connu, aucun temple ni sanctuaire spécifique ne lui étant dédié. Son essence même—incarnant l’erreur, l’égarement et la folie destructrice—explique probablement pourquoi elle n’était pas honorée de manière traditionnelle. Mais cette divinité secondaire est parfois associée à des lieux symboliques, comme la colline en Phrygie qui prit son nom, devenant le site fondateur de la cité mythique de Troie. Artistiquement, elle est souvent décrite avec des pieds rapides, symbolisant sa capacité à semer rapidement l’illusion et l’égarement chez les hommes.

Bien qu’elle ne soit pas aussi connue que d’autres figures du panthéon grec, Até a profondément influencé la culture occidentale moderne à travers son concept central : l’égarement tragique, ou “hubris”. Le concept d’Até, cette folie divine menant les mortels à leur perte par excès d’orgueil ou de démesure, est toujours pertinent aujourd’hui dans les domaines de la psychologie, de la littérature et même du droit.