Ananké, déesse grecque de la nécessité, du destin et du hasard, est souvent représentée comme une force primordiale inévitable, responsable de la création de l’univers et de la destinée des mortels et des dieux. Parfois, elle n’est que la personnalisation du concept de la fatalité. Découvrons aujourd’hui ses caractéristiques, ainsi que son rôle dans les mythes et légendes grecques.
I. Qui est Ananké ?
A. Origines et attributs
Son nom est dérivé du mot grec « anagke », qui signifie nécessité. Elle est souvent représentée avec un serpent enroulé autour d’elle, symbolisant son rôle de gardienne du destin. Elle est également associée à la roue de la Fortune, qui tourne sans cesse pour indiquer que rien n’est permanent dans l’univers.
B. Interprétations et représentations artistiques
Les interprétations d’Ananké varient selon les époques et les régions. Dans la Grèce antique, elle était souvent représentée avec un marteau et une enclume, symbolisant la forge du destin. Dans d’autres cultures, elle est représentée avec une balance ou une épée, symbolisant l’équité et la justice.
Dans les faits, peu de rites lui sont rendus et on ne lui connait qu’un culte limité.
II. Les amours et la descendance d’Ananké
Dans les mythes grecs, Ananké est parfois présentée comme la compagne de Cronos, le dieu du temps. Selon la mythologie grecque, Ananké et Cronos ont travaillé ensemble pour créer l’univers et déterminer le destin des mortels et des dieux. Certains textes les ont même mariés.
D’autres mythes la lient à Éros, le dieu de l’amour et de la passion.
Selon la mythologie grecque, Ananké a eu plusieurs enfants. Parmi eux figurent les Heures, les déesses qui gouvernent les saisons, ainsi que les Moires, les déesses du destin qui sont souvent associées à Ananké.
Les Moires étaient au nombre de trois :
- Clotho, qui filait les jours et les événements de la vie ;
- Lachesis, qui mesurait le fil et déterminait le destin de chacun ;
- Atropos, qui coupait le fil de la vie avec ses ciseaux.
V. Les autres divinités du Destin
Diverses entités étaient associées à cette notion de destin : l’Aisa ou la Moira homérique, le Moros d’Hésiode, fils de la Nuit. Avec le temps, plusieurs autres figures divines symbolisant le destin furent imaginées, telles qu’Anankê ou Tyché, ainsi que le Fatum romain (représentant la parole immuable), les Parques, la Fortune et la Nécessité. Chez les Romains, les Parques étaient nommées Nona, Decima et Morta. Elles présidaient respectivement à la naissance, au mariage et à la mort, et étaient représentées sur le Forum sous le nom de Tria Fata (les 3 fées).
Dans les récits de la mythologie grecque, les divinités qui régissent le destin humain observent généralement son cours plutôt que de le dicter. Le Destin lui-même est parfois incarné, parfois distinct de Zeus, parfois même confondu avec lui. Les autres dieux, y compris Zeus lui-même, semblent souvent soumis à cette force inéluctable, comme le suggère Eschyle dans « Prométhée enchaîné ». De nombreux écrivains de l’Antiquité considéraient les Moires comme surpassant en puissance même les dieux; Homère et Virgile décrivaient Zeus pesant les destins des héros sur une balance. Ainsi, Zeus apparaît davantage comme l’exécuteur du destin que comme son architecte. La Moire, en particulier, limite l’interférence des dieux sur le champ de bataille de Troie lorsque la destinée d’un héros arrive à son terme. Ananké, mère des Moires, prend ainsi toute son importance dans le panthéon grec.