Représentation de Serket, la déesse égyptienne de la Protection et de la Guérison - AI generated
Rate this page

Serket est une déesse parfois méconnue de la mythologie égyptienne, car elle n’a pas de parèdre. Représentée souvent avec un scorpion sur la tête, elle incarne la protection contre les créatures venimeuses et est vénérée pour ses pouvoirs de guérison. Son rôle s’étend des soins terrestres aux rites funéraires, où elle veille sur les défunts dans leur voyage vers l’au-delà. Découvrez ses origines et son culte chez les Egyptiens.

Représentation de Serket, la déesse égyptienne de la Protection et de la Guérison - AI generated

I. Origines et significations

Serket, également connue sous les noms de Selkis, Selket ou Serqet, est l’une des plus anciennes divinités égyptiennes, vénérée dès la période prédynastique. Son nom, souvent traduit par « Celle qui fait respirer la gorge », révèle sa fonction protectrice contre les poisons et les piqûres venimeuses, notamment celles des scorpions et serpents. À l’origine, elle est une déesse indépendante, sans parèdre, associée à la protection des êtres vulnérables : enfants, femmes en couches, malades ou défunts. Elle incarne le souffle vital et joue un rôle clé dans la renaissance du défunt, veillant sur la jarre canope contenant les intestins, en lien avec le fils d’Horus, Qebehsenouf. Protectrice des guérisseurs et maîtresse des poisons, elle symbolise l’équilibre subtil entre le danger et la guérison.

II. Représentations iconographiques

Dans l’iconographie égyptienne, Serket est représentée comme une femme élégante, portant sur sa tête un scorpion stylisé — souvent une nèpe ou scorpion d’eau, inoffensif — signe de sa maîtrise sur les créatures venimeuses. Elle apparaît aussi sous forme de scorpion à tête humaine ou avec les bras étendus en un geste de protection.

Sur les vases canopes, elle veille aux côtés de Qebehsenouf, et dans la tombe de Toutânkhamon, elle figure parmi les quatre déesses protectrices (avec Isis, Nephtys et Neith), autour du coffre contenant les viscères du roi. Contrairement à de nombreuses divinités zoomorphes, Serket conserve une forme humaine, ce qui renforce son image bienveillante et proche des hommes.

III. Les légendes qui l’entourent

Bien que peu présente dans les cosmogonies classiques, Serket occupe un rôle central dans certaines légendes populaires liées à Isis et Horus. Dans l’un des épisodes les plus célèbres, elle envoie sept scorpions pour escorter Isis et protéger le jeune Horus des embuscades de Seth.

Dans le mythe connu sous le nom d’Isis et les sept scorpions, Serket punit une noble ayant refusé l’hospitalité à Isis en faisant piquer son fils, avant que cette dernière, par compassion, ne sauve l’enfant grâce à des formules magiques. Cette légende illustre la capacité de Serket à châtier mais aussi à guérir, faisant d’elle une figure complexe, à la fois redoutable et salvatrice.

IV. Ses amours et sa descendance

Serket n’est pas originellement associée à un époux ou à une lignée divine dans les premiers textes. Toutefois, à partir du Moyen Empire, elle est parfois désignée comme épouse d’Horus, notamment à Edfou, ou fille de Rê, ce qui renforce son lien avec l’ordre cosmique et le cycle solaire. À l’époque prédynastique, certains récits la relient au dieu Noun, l’abîme primordial, voire à Atoum, ce qui lui conférerait un rôle dans les premières étapes de la création. Ces filiations symboliques renforcent son rôle de déesse mère et protectrice des enfants, bien qu’elle ne semble pas avoir eu de descendance propre dans le panthéon traditionnel.

Le culte de Serket, bien qu’important, ne semble pas avoir donné lieu à de temples majeurs. Elle était pourtant très présente dans la vie quotidienne à travers des amulettes, des formules magiques, et surtout par le biais de son clergé spécialisé, les « adeptes de Serket », qui étaient à la fois médecins et magiciens. Ces praticiens étaient réputés pour leur connaissance des poisons et des remèdes, souvent transmis oralement ou consignés dans des papyrus médicaux comme ceux de Chester Beatty.

En tant que patronne des guérisseurs, elle est omniprésente dans les rituels de soins, les incantations contre les morsures ou piqûres, et dans la préparation funéraire, où elle veille sur les organes vitaux du défunt. Bien qu’elle ait été progressivement éclipsée par Isis dans certains rôles, son importance subsiste jusque dans l’au-delà, où elle protège les âmes et peut même leur redonner le souffle de vie.