Ce personnage légendaire occupe une place éminente parmi les guerriers de son époque, et son héritage continue de fasciner les amateurs de mythologie égyptienne. Nous vous invitons à explorer les différentes facettes de la vie d’Anhour, des batailles épiques auxquelles il aurait participé à ses amours passionnées et à sa descendance. Préparez-vous à découvrir les récits d’un guerrier hors pair.

I. Anhour : les origines d’un guerrier égyptien éminent
Anhour, aussi appelé Onouris, Han-Her ou Inhert, est un dieu d’origine étrangère intégré dans le panthéon égyptien à partir de la XIe dynastie. Son nom signifie littéralement « Celui qui ramène du lointain », une étymologie étroitement liée à sa fonction mythologique centrale. D’abord vénéré à Thinis, cité militaire du sud de l’Égypte proche d’Abydos, Anhour apparaît comme une divinité martiale, patron des armées et protecteur des soldats. Il personnifie l’archétype du guerrier divin : celui qui part en campagne, affronte les forces hostiles et revient triomphant pour restaurer l’ordre.
Dès les époques thinites, il est considéré comme le dieu funéraire d’Abydos, rôle repris plus tard par Osiris. Dans les tombes royales du Nouvel Empire, il est associé à Sopdou pour protéger les défunts pharaons. Ce double rôle — militaire et funéraire — témoigne de sa puissance à la fois sur le champ de bataille et dans l’au-delà. À l’époque gréco-romaine, il est assimilé à Arès, dieu grec de la guerre, et parfois représenté par les empereurs comme un symbole de domination impériale, notamment Auguste au temple de Kalabsha.
II. Sa représentation dans l’art égyptien
Dans l’iconographie égyptienne, Anhour est immédiatement reconnaissable par sa silhouette de guerrier majestueux, debout ou marchant fièrement, armé d’une lance ou tenant une cordelette, symbole de la reconquête mythologique de la déesse lointaine.
Sa coiffure est typique : il porte une perruque surmontée de quatre hautes plumes, signe distinctif de son rang céleste. Il arbore souvent un pagne long et une barbe postiche, insigne de royauté divine. Une autre représentation notable le montre avec une tête de lion, symbolisant sa nature féline, sa puissance martiale et sa férocité au combat. Ce lien avec le lion le rapproche des divinités léonines comme Mahès ou Sekhmet.
II. Les exploits guerriers d’Anhour
Le mythe fondateur d’Anhour s’inscrit dans le vaste cycle de la « déesse lointaine », une narration solaire centrale dans la pensée religieuse égyptienne. Dans ce récit, l’Œil de Rê, entité solaire féminine, se détourne de son père divin et s’enfuit en Nubie, prenant souvent la forme d’une lionne destructrice. Rê, regrettant sa colère, charge Anhour de la retrouver et de la ramener. Le dieu franchit les frontières du monde civilisé, affronte les périls du désert, et ramène la déesse apaisée, qui reprend sa place dans l’ordre divin sous la forme de Mehyt, son épouse.
Ce récit symbolise le retour de la lune, parfois associée à Mehyt, et le rétablissement de la lumière dans le panthéon cosmique. Dans certaines versions, ce mythe est lu comme une variation du mythe de Tefnout et Shou, Anhour étant alors assimilé à Shou et Mehyt à Tefnout. Le geste d’Anhour, qui lie la déesse avec une cordelette pour la ramener, est souvent vu comme une allégorie du rétablissement de Maât, l’ordre universel.
III. Ses amours et sa descendance
Anhour est étroitement lié à Mehyt, parfois assimilée à Hathor ou à Tefnout selon les variantes du mythe. Elle incarne la déesse lointaine qu’il ramène d’un pays hostile, souvent identifié à la Nubie. À l’origine, Mehyt est représentée comme une lionne couchée, accompagnée de lances recourbées, symboles de guerre et de chasse.
Plus tard, elle prend l’apparence d’une femme à tête de lionne, coiffée de la couronne Atef, et intégrée à l’imaginaire solaire. En tant que couple, Anhour et Mehyt forment une allégorie du rétablissement de l’ordre, où la force masculine civilisatrice (Anhour) unit sa puissance à celle de l’indomptable nature féminine (Mehyt). Aucune descendance divine spécifique ne leur soit attribuée dans les textes disponibles.
Le culte d’Anhour trouve ses racines à Thinis (This), près d’Abydos, ancienne capitale guerrière et foyer mythique des premiers pharaons. Il y est honoré dans un temple richement doté, fréquenté par les soldats et les élites militaires. Le clergé local organisait des cérémonies martiales et des simulacres de batailles afin de démontrer la vigueur de l’armée sous la protection du dieu.
Un second centre de culte majeur s’épanouit à Sebennytos, en Basse-Égypte, confirmant l’extension géographique de son influence. Sous les Ptolémées, Anhour est assimilé à Arès, ce qui témoigne de sa popularité dans un contexte d’échanges gréco-égyptiens. Il devient un symbole de puissance impériale : Auguste lui-même se fait représenter portant la coiffe d’Anhour dans le temple de Kalabsha, en Nubie, pour légitimer sa domination sur l’Égypte. Dans les rituels, les soldats portaient des amulettes à son effigie, et des statues de bronze servaient d’ex-voto. Il est également mentionné comme protecteur des morts dans les tombes royales, aux côtés de Sopdou, à la fin du Nouvel Empire.