Représentation du héros celtique Sagramor - AI generated
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Représentation du héros celtique Sagramor - AI generated

Guerrier incandescent, noble d’origine byzantine, Sagramor incarne la force brute et l’ardeur incontrôlée au sein de la Table Ronde. Tantôt salué pour son courage dévastateur, tantôt moqué pour ses excès et ses faiblesses humaines, il fascine par son parcours hors norme. Ni modèle de sagesse, ni héros romantique, ce chevalier impétueux crève pourtant le récit par sa présence indomptable. Qui était vraiment Sagramor ? D’où vient cette fureur qui le consume au combat ?

I. Les origines de Sagramor : un sang impérial et un tempérament incandescent

Les origines de Sagramor, aussi connu sous les formes Sagremor ou Sagremor le Desrée, varient selon les récits. Dans certaines versions, il est présenté comme le petit-fils de l’empereur Adrien de Constantinople, ce qui lui confère une ascendance impériale et une légitimité noble. D’autres textes le décrivent comme le fils du roi de Hongrie, soulignant ainsi son appartenance à une lignée royale d’Europe centrale.

Surnommé « le Désiré » ou « le Frénétique », Sagramor est réputé pour son tempérament fougueux et son impulsivité. Élevé loin des terres bretonnes, dans un univers imprégné de chevalerie et de courtoisie, il se distingue très jeune par un tempérament impétueux. C’est vers l’âge de quinze ou seize ans qu’il quitte l’empire pour rejoindre la cour du roi Arthur, attiré par la renommée des chevaliers de la Table Ronde. Adoubé par Arthur lui-même, Sagramor devient l’un des premiers à siéger autour de la table mythique, honoré pour son sang royal, mais aussi pour sa fougue déjà légendaire. Son caractère impétueux le rend à la fois redoutable sur le champ de bataille et vulnérable dans les intrigues de la cour.

II. Les légendes associées à Sagramor : entre honneur et excès

Sagramor traverse les grandes fresques arthuriennes avec la vigueur d’un guerrier au bord de la transe. Il apparaît dans des récits fondateurs comme Érec et Énide, Cligès ou la Fausse Morte, Yvain ou le Chevalier au Lion, et Perceval ou le Conte du Graal. Dans chacun, il est décrit comme un chevalier de grand renom mais à la maîtrise fragile. On le surnomme aussi « le Déréglé », en raison de son comportement au combat : lorsqu’il s’élance dans la mêlée, il semble perdre tout sens de la mesure, frappant avec une fureur si déchaînée qu’il devient presque incontrôlable. Une anecdote célèbre le décrit tombant littéralement en syncope après un duel, tant sa faim était dévorante après l’effort — donnant lieu aux railleries de Kay, le sénéchal, qui le surnomma cruellement « le Mort Jeun ». Malgré ses excès, il est respecté de ses pairs et des dames de la cour, ce qui renforce sa stature de héros chevaleresque au tempérament sauvage.

III. Ses amours et sa descendance : silence dans les légendes

Contrairement à d’autres chevaliers plus romantiques du cycle arthurien comme Lancelot ou Tristan, Sagramor n’est pas au cœur de récits amoureux développés. S’il est décrit comme apprécié des dames pour ses manières chevaleresques, aucun texte majeur ne relate d’histoire d’amour marquante ou de descendance notable. Ce silence, dans un univers littéraire pourtant friand de romances courtoises, souligne peut-être l’aspect plus brut et martial du personnage : Sagramor incarne le chevalier impulsif, loyal mais peu enclin aux intrigues sentimentales. Son rôle est davantage celui du guerrier loyal et indomptable que du troubadour amoureux.

Bien que moins célèbre que Lancelot, Gauvain ou Perceval, Sagramor n’a pas disparu des radars culturels. Son nom figure dans Le Morte d’Arthur de Thomas Malory et dans diverses adaptations modernes des légendes arthuriennes. Il incarne un archétype puissant dans la fiction contemporaine : celui du combattant valeureux, sincère mais excessif, un héros secondaire au cœur explosif. Dans les jeux de rôle, les séries inspirées du cycle arthurien ou encore dans la littérature fantasy, on retrouve des personnages construits sur cette dynamique : nobles par le sang, intrépides, parfois incontrôlables, toujours spectaculaires. Sa réputation d’outsider flamboyant en fait une source d’inspiration vivace pour les récits de fraternité chevaleresque et d’héroïsme imparfait.