Dans l’univers foisonnant des légendes arthuriennes, certains noms brillent comme des astres — Lancelot, Perceval, Tristan… Et puis, il y a ceux dont l’éclat est plus discret mais non moins fulgurant. Lamorak, chevalier de Galles, est de ceux-là. Héros tragique au destin brisé, il fut salué comme le troisième meilleur chevalier du monde, redouté dans les joutes, respecté pour sa loyauté, et emporté par des passions plus fortes que l’acier.
Fils du roi Pellinore et frère aîné de Perceval, Lamorak incarne à lui seul la noblesse, la vaillance et l’échec. Ses exploits guerriers résonnent encore dans les salles de Camelot, tandis que son histoire d’amour scandaleuse avec la reine Morgause marque l’un des tournants les plus sombres de la légende. Trahi, assassiné, mais jamais oublié, Lamorak fascine autant qu’il interroge. Découvrez l’épopée vibrante de ce chevalier flamboyant.
I. Les origines de Lamorak
Lamorak de Gulis, également nommé Lamorak le Gallois ou Lamorak de Galles, appartient à une lignée prestigieuse du cycle arthurien. Fils du roi Pellinore, illustre souverain et chevalier de la Table ronde, il est l’aîné d’une fratrie marquée par l’excellence chevaleresque : Perceval le Gallois, héros de la Quête du Graal, ainsi que Tor, Agloval et Dornar. Sa sœur Dindrane joue un rôle déterminant dans la quête du Graal. Mais cette noble lignée est aussi marquée par le malheur, entre rivalités fratricides, trahisons et morts violentes.
Dès son plus jeune âge, Lamorak se distingue dans les tournois, remportant notamment des joutes contre trente adversaires à trois reprises — une performance exceptionnelle, synonyme d’un talent martial hors du commun. Il est dit qu’il pouvait se battre seul contre trente hommes sans plier. Sa prestance, son courage et sa loyauté en font rapidement une figure reconnue à la cour du roi Arthur, où il est adoubé chevalier de la Table Ronde. Issu d’un lignage noble, entouré de frères tout aussi valeureux, il incarne l’archétype du chevalier accompli dans une Bretagne mythifiée en quête de grandeur.
Ce dernier est aussi tristement connu pour avoir tué le roi Lot d’Orcanie lors d’un duel, provoquant ainsi une haine féroce entre leurs descendants. Cette animosité formera l’un des arcs les plus sanglants du cycle arthurien.
II. Légendes et exploits de Lamorak : la force d’un héros et la trahison fatale
Lamorak est adoubé chevalier de la Table Ronde peu après son frère Perceval. Il s’impose comme l’un des combattants les plus valeureux du royaume. Les textes médiévaux le décrivent comme le troisième plus grand chevalier après Lancelot et Tristan, ce qui n’est pas peu dire dans un monde où la gloire se gagne à la pointe de l’épée.
Ses exploits sont nombreux : il terrasse des géants, libère des terres occupées, triomphe dans des tournois d’une rare violence. Il est envoyé en mission dans les contrées les plus reculées du royaume, là où seuls les plus courageux osent s’aventurer.
Son nom est étroitement lié aux hauts faits d’armes et à une bravoure qui force l’admiration. Au fil des légendes, il est décrit comme un champion redoutable des joutes, capable d’abattre des cohortes entières de chevaliers. Parmi ses actes héroïques, on retient son duel contre Méléagant, qu’il affronte pour défendre la beauté et l’honneur de la reine Morgause. Pourtant, comme souvent dans la légende arthurienne, les plus valeureux sont aussi les plus exposés aux trahisons.
Selon les versions, Lamorak meurt de deux façons : dans l’une, il est assassiné par Gareth, fils de Morgause, après avoir été surpris au lit avec elle ; dans l’autre, il tombe sous les coups perfides de Mordred lors d’une joute, trahi alors qu’il s’apprêtait à partir en quête du Graal. Dans les deux cas, sa fin est marquée par la violence, la jalousie et la trahison.
III. Amours et descendance : l’ombre de Morgause
La mort du roi Lot, père de Gauvain, Agravain, Gaheris et Mordred, des mains de Pellinore, père de Lamorak, empoisonne les relations entre les deux lignées. Bien que tous siègent à la Table Ronde, la haine reste vivace sous la surface de la paix. Gauvain, malgré sa noblesse, nourrit une rancune farouche. Agravain, plus fourbe, et Gaheris, plus impulsif, attendent leur heure. Lamorak, lui, tente de faire front avec honneur, sans céder à la provocation. Mais les cicatrices sont trop profondes pour être ignorées.
Tout bascule lorsque Lamorak tombe amoureux de Morgause, la veuve du roi Lot… et mère des quatre frères ennemis. Cette relation, jugée scandaleuse et sacrilège, déclenche l’irréparable. Surpris par Gaheris en compagnie de Morgause, Lamorak voit la reine être assassinée de sang-froid par son propre fils. Gaheris, dans un accès de rage, décapite sa mère. Lamorak, quant à lui, est contraint à la fuite.
Cette scène scelle son destin. Il n’est plus seulement un rival : il devient une cible à abattre.
Moins célèbre que Lancelot ou Perceval, Lamorak n’en demeure pas moins une figure puissante du cycle arthurien, régulièrement redécouverte par les passionnés de mythologie celtique. Son destin tragique, pris entre la gloire, l’amour interdit et la trahison, résonne avec les grandes figures shakespeariennes ou héroïques modernes. Il incarne cette idée du héros brillant, mais trop humain, dont les passions le rendent vulnérable. Dans la culture contemporaine, Lamorak apparaît ponctuellement dans des adaptations littéraires, des jeux vidéo ou des récits de fantasy, souvent sous les traits du chevalier redoutable à la loyauté irréprochable. Sa rivalité avec Mordred et sa mort injuste rappellent la lutte éternelle entre la droiture chevaleresque et les forces perfides du pouvoir.