Représentation de Gofannon, le dieu celte forgeron : mythes et légendes​ - AI generated
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Maître du feu et de la transformation, Gofannon est le forgeron sacré des légendes galloises. Dans l’ombre des grandes batailles et des intrigues divines, il façonne des armes fatales et brasse la bière de l’immortalité. Tour à tour artisan divin, créateur et destructeur, Gofannon incarne le génie silencieux qui forge le destin des dieux comme des hommes.

Représentation de Gofannon, le dieu celte forgeron : mythes et légendes​ - AI generated

I. Les origines de Gofannon

Gofannon est un dieu majeur de la mythologie celtique galloise, rattaché à la fonction artisanale dans la tripartition indo-européenne théorisée par Georges Dumézil. Fils de la grande déesse Dôn — équivalente de Dana en Irlande — et de Beli Mawr, Gofannon fait partie d’une fratrie divine prestigieuse aux côtés de figures telles que Gwydion, Amaethon, Arianrhod ou encore Gilfaethwy. Son nom lui-même dérive du mot gallois pour « forgeron » et son rôle le place au cœur de l’artisanat sacré, pilier essentiel de la société mythique.

Gofannon est l’équivalent direct du dieu forgeron irlandais Goibniu et du dieu gaulois Gobannos. Il incarne la puissance créatrice et destructrice du feu maîtrisé par l’homme, et s’inscrit dans une tradition mythologique où les forgerons ne sont pas de simples artisans, mais des détenteurs de savoirs ésotériques et d’un pouvoir quasi divin sur la matière, le destin et la vie.

II. Les légendes qui sont associées à ce personnage

Gofannon est mentionné dans la Quatrième Branche des Mabinogi, un recueil médiéval gallois majeur, notamment dans l’épisode tragique de la mort de Dylan Eil Ton. Sans en avoir conscience, il tue son propre neveu, né miraculeusement de sa sœur Arianrhod lors d’une épreuve de virginité imposée par le roi Math. Cet acte, involontaire mais lourd de conséquences, met en lumière les tragédies cycliques au sein de la dynastie des enfants de Dôn, souvent liés à des fautes morales ou des malédictions familiales.

Par ailleurs, dans les traditions poétiques rapportées dans le « Livre de Taliesin », Gofannon est aussi cité comme un magicien, renforçant sa proximité avec son frère Gwydion et avec d’autres figures artisanales aux pouvoirs surnaturels. Ce double rôle de forgeron et de mage en fait une figure ambivalente : bienfaiteur capable de brasser une bière rendant immortel, mais aussi faiseur d’armes fatales. Ses créations, chargées de pouvoir magique, soulignent que Gofannon ne travaille pas seulement le métal, mais agit sur les fils mêmes du destin.

III. Ses amours et sa descendance

Les récits gallois disponibles ne mentionnent pas explicitement d’unions ou de descendance pour Gofannon, ce qui le distingue de nombreux autres dieux celtiques souvent définis par leur lignée. Cette absence peut refléter sa fonction primordiale : Gofannon est avant tout l’incarnation de l’artisanat divin, du savoir ancestral et du pouvoir de transformation — il n’est donc pas représenté à travers une généalogie féconde mais à travers ses œuvres.

Néanmoins, sa position dans la fratrie des enfants de Dôn le lie symboliquement aux cycles de la vie, de la naissance et de la mort. Il joue un rôle déterminant dans l’histoire de Dylan Eil Ton, tué accidentellement de sa main.

Si Gofannon n’a pas la notoriété d’un Lugh ou d’un Cúchulainn, il influence néanmoins de façon diffuse l’imaginaire contemporain à travers la figure archétypale du forgeron-magicien. Son équivalence avec Goibniu, artisan des Tuatha Dé Danann, et son lien avec des divinités comme Vulcain chez les Romains ou Héphaïstos chez les Grecs, montrent qu’il incarne une fonction universelle : celle de façonner le monde matériel et d’armer les héros. Dans les récits modernes inspirés de mythes celtiques ou dans les univers de fantasy, Gofannon inspire la figure du maître forgeron aux pouvoirs surnaturels, capable de forger des armes magiques ou de brasser des potions d’immortalité.