Qui était Calogrenant ? Ce nom, bien que moins connu que celui de Lancelot ou de Perceval, joue pourtant un rôle clé dans l’histoire d’un autre chevalier : Yvain . Chevalier de la Table Ronde, ses aventures sont souvent sous-estimées. Découvrons ce chevalier secondaire qui peuple les légendes arthuriennes.

I. Origines et Présentation de Calogrenant
Calogrenant, également connu sous le nom de Colgrevance dans certaines versions des récits arthurien, est un personnage aux origines mystérieuses. Il est mentionné principalement dans Yvain ou le Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes. D’origine noble, il est décrit comme le cousin germain d’Yvain, un autre chevalier de renom. Dans les traditions galloises, il apparaît sous le nom de Cynon, le fils de Clydno, lié au récit d’Owain/Owein, le héros de La Dame de la Fontaine des Mabinogion.
Calogrenant est reconnu à la Table Ronde pour sa courtoisie, son honnêteté et sa capacité à raconter ses expériences avec humilité. Contrairement à d’autres chevaliers glorifiés pour leurs prouesses martiales, il incarne une figure plus humaine, acceptant de narrer un épisode humiliant de sa vie. Lors d’une réunion à la cour de Carduel, il partage son aventure à la fontaine enchantée de Brocéliande, où il a été vaincu par le chevalier Esclados le Roux. Ce récit, marqué par la sincérité, déclenche la volonté d’Yvain de venger cet affront, démontrant que même les échecs personnels peuvent inspirer de grandes quêtes chevaleresques.
II. Sa participation à la légende d’Yvain ou le Chevalier au Lon
L’un des épisodes les plus mémorables mettant en scène Calogrenant est sans doute sa rencontre avec le chevalier Esclados le Roux dans la forêt de Brocéliande. Cette rencontre ne se termine pas bien pour Calogrenant, et c’est là que réside une partie de sa grandeur : il ose admettre son échec.
L’aventure de Calogrenant à la fontaine de Brocéliande est l’étincelle qui lance Yvain dans sa quête héroïque et scelle sa destinée en tant que Chevalier au Lion. Lors d’une fête de la Pentecôte à la cour du roi Arthur à Carduel, Calogrenant raconte à ses compagnons une mésaventure survenue plusieurs années auparavant. En quête d’aventure, il avait pénétré dans la forêt de Brocéliande, guidé par un paysan qui lui avait décrit une fontaine magique. Celle-ci, nichée sous un pin magnifique, possédait le pouvoir de déclencher une tempête dévastatrice lorsque l’on versait de l’eau sur son perron. Intrigué, Calogrenant avait tenté l’expérience, mais avait été confronté au chevalier gardien de la fontaine, Esclados le Roux. Ce dernier l’avait vaincu et humilié, le laissant retourner à pied à la cour, dépouillé de son cheval.
En entendant cette histoire, Yvain, cousin germain de Calogrenant, ne peut tolérer l’affront subi par son parent. Résolu à venger l’honneur familial, il décide de se rendre à la fontaine et de défier Esclados à son tour.
Yvain suit les traces de Calogrenant jusqu’à la fontaine. Comme son cousin, il verse de l’eau sur le perron, déclenchant une tempête si violente qu’elle semble vouloir déraciner la forêt entière. Esclados le Roux surgit alors, prêt à défendre son territoire. S’engage un duel épique où Yvain, grâce à sa bravoure et son habileté au combat, parvient à terrasser Esclados. Blessé mortellement, le chevalier ennemi s’enfuit vers son château, poursuivi par Yvain. Yvain franchit le pont-levis du château d’Esclados, mais reste prisonnier entre les herses qui se referment sur lui. Il est sauvé par Lunete, une suivante de Laudine, la veuve d’Esclados. Reconnaissante envers Yvain pour un service rendu par le passé, Lunete l’aide à se cacher et à échapper à ses poursuivants. Elle le persuade ensuite de se présenter à Laudine pour plaider sa cause. Bien que Laudine soit accablée par la mort de son mari, elle accepte d’épouser Yvain, séduite par sa bravoure et sa prestance. Grâce à ce mariage, Yvain devient le gardien de la fontaine.
Le bonheur conjugal d’Yvain est de courte durée. Encouragé par ses compagnons chevaliers, il quitte Laudine pour partir à l’aventure, promettant de revenir dans l’année. Mais, emporté par sa soif de gloire, il oublie son engagement. Laudine, blessée par cet abandon, envoie une messagère récupérer l’anneau d’invincibilité qu’elle lui avait offert, symbolisant ainsi la fin de leur union. Honteux et accablé de chagrin, Yvain erre dans la forêt, perdant la raison. Il est finalement secouru par une dame qui lui administre un onguent magique concocté par la fée Morgane. Ce remède lui rend non seulement sa lucidité, mais aussi la force de regagner son honneur.
Lors de ses errances, Yvain sauve un lion d’un combat contre un serpent crachant des flammes. Reconnaissant, l’animal devient son fidèle compagnon et l’accompagne dans toutes ses aventures. Désormais connu comme le « Chevalier au Lion », Yvain multiplie les exploits, défendant les opprimés et rétablissant la justice. Il sauve notamment Lunete, injustement accusée de trahison, et terrasse un géant menaçant un château voisin.
Ayant prouvé sa valeur par ses nombreuses prouesses, Yvain revient au château de Laudine. Grâce à l’intervention de Lunete, il obtient une audience avec son ancienne épouse. Profondément repentant, il la supplie de lui pardonner son manquement. Convaincue de sa sincérité et impressionnée par son parcours, Laudine accepte de le reprendre. Ensemble, ils renouent leur union et Yvain retrouve son rôle de gardien de la fontaine.
III. Les Amours et Descendance de Calogrenant
Les récits arthuriens ne mettent pas en avant de manière explicite les amours ou la descendance de Calogrenant. Cependant, dans les traditions galloises, son équivalent Cynon est mentionné comme l’amant de Morfydd, la sœur d’Owain. Cette relation souligne une dimension plus intime de sa personnalité, le reliant à des intrigues secondaires du cycle arthurien.
Bien que Calogrenant soit un personnage secondaire des récits arthuriens, son rôle illustre des thèmes universels tels que l’humilité, l’échec et la rédemption. Ces traits ont inspiré plusieurs interprétations littéraires et artistiques modernes. Dans les réécritures contemporaines des légendes arthuriennes, il est parfois mis en avant comme un exemple de chevalier courageux malgré ses revers. Son rôle dans Yvain ou le Chevalier au Lion est également étudié comme un mécanisme narratif essentiel à l’exploration des valeurs chevaleresques. Enfin, son aventure à la fontaine de Brocéliande continue d’alimenter les récits fantastiques liés à la forêt enchantée, rappelant la magie et les défis inhérents aux quêtes médiévales.